Après deux mois de négociations entre conservateurs et sociaux-démocrates, Angela Merkel devient la première chancelière de l'histoire de l'Allemagne. Toutefois, sa mission s'annonce très difficile. Explications. C'est désormais officiel. Angela Merkel est la première chancelière de l'histoire de l'Allemagne. La conservatrice a été élue hier à la tête de la grande coalition avec une large majorité par les députés de la Chambre basse du Parlement (Bundestag). Il a fallu à Merkel deux mois après sa courte victoire aux élections anticipées pour enfin être la première femme à accéder à la chancellerie. Deux mois de négociations entre le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti conservateur conduit par Merkel en l'occurrence l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et sa branche bavaroise l'Union chrétienne-sociale (CSU) pour donner naissance à une grande coalition. Un accouchement qui a été très difficile. C'était un véritable marathon où Merkel s'est vu privée à mi-chemin de son ministre de l'Economie Edmund Stoiber, patron de la CSU. Après l'annonce des résultats électoraux, la chancelière a été confrontée à de fortes tensions au sein de son parti. Certains conservateurs ont sévèrement critiqué la manière dont elle a fait campagne lui reprochant de ne pas avoir bien su convaincre les électeurs. Les sociaux-démocrates, eux aussi, ne sont pas sortis indemnes. Franz Müntefering, ex-président du (SPD) a lui aussi rendu son tablier après qu'il eut été désavoué par son parti. «Angela Merkel a atteint son but: elle sera élue par la grande coalition comme chancelière ce mardi», a titré FAZ. Mais au lieu de pouvoir régner comme elle l'entend, il s'agit de savoir manipuler l'art du faisable : «la méthode Merkel» signifie d'accepter certaines circonstances, poursuit FAZ. «Qu'est-ce qu'ont à gagner les Allemandes du fait que l'Allemagne sera gouvernée par une femme ?», s'est interrogé le quotidien Sueddeutsche Zeitung. D'ailleurs, beaucoup de personnes se posent la même question. Surtout que le programme de la grande coalition est très contesté. Pour arriver à un compromis mais aussi pour tenter de sortir l'Allemagne de crise économique, le gouvernement de Merkel a prévu de lourds sacrifices pour le volet social. L'Allemagne n'est plus ce qu'elle était avant, la locomotive de l'Union européenne. C'est un pays qui s'appauvrit, mais ses habitants sont riches. L'industrie allemande est menacée de toute part. Plusieurs sociétés allemandes ont déjà opté pour la sous-traitance. D'autres se voient forcer à baisser le rideau. C'est le cas notamment de la fameuse usine Infineon de semi-conducteurs de Münich-Perlach menacée de fermeture. Faut-il abandonner le modèle social pour devenir compétitif ? Les réponses apportées par la coalition vont un peu dans ce sens. Le programme du gouvernement Merkel prévoit, en effet, l'augmentation de l'âge du départ à la retraite qui va grimper de 65 à 67 ans entre 2012 et 2035. Le niveau des allocations devrait diminuer à terme. Les prélèvements finançant le système des retraites progresseront de 19,5 à 19,9% en 2007. Le programme prévoit également une augmentation des impôts. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) va passer de 16 à 19% en 2007. Les revenus des contribuables qui gagnent plus de 250.000 euros (295.000 dollars) seront taxés à hauteur de 45%, contre 42% précédemment. Pour Bild Zeitung, ce compromis «est une déclaration de banqueroute». «Les deux grands partis, en ne faisant rien au cours des dernières décennies, ont mené le pays au bord de la faillite. Ils viennent se servir chez ceux qui n'en ont pas les moyens : nous les citoyens», a tonné le quotidien.