Maintien de la note par Fitch, félicitations du FMI, inflation contenue… Lekjaa détaille la recette du gouvernement Face à une équation aux multiples inconnues, le Royaume s'en sort plutôt bien. Preuve en est le maintien de la note souveraine avec des perspectives stables par Fitch, les encouragements du FMI et surtout le pari de contenir le taux d'inflation à des niveaux soutenables non seulement dans la région mais au niveau international. C'est un exercice difficile mais qui semble réussir pour le moment au gouvernement Akhannouch. Invité à s'expliquer sur la hausse des prix et les mesures de soutien de l'Exécutif au pouvoir d'achat, Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé du budget, a fait le tour de la question devant les députés. Face à une équation aux multiples inconnues, le Royaume s'en sort plutôt bien. Preuve en est le maintien de la note souveraine avec des perspectives stables par Fitch, les encouragements du FMI et surtout le pari de contenir le taux d'inflation à des niveaux soutenables non seulement dans la région mais au niveau international. Pourtant, la conjoncture est difficile partout dans la planète. «Depuis le début du débat sur la hausse des prix, il est généralement admis que cette hausse touche tous les pays du monde et qu'elle soit le résultat des mêmes causes également dans tous les pays du monde. Ainsi, deux crises majeures se sont produites en peu de temps (deux ans seulement), à savoir la pandémie de Covid puis la guerre qui se déroule dans le continent nord», a d'emblée signalé le ministre délégué. Et de poursuivre : «Ce qui nous intéresse ici c'est de séparer d'abord les manifestations de l'impact de la crise sur notre pays, puis dans la stratégie du gouvernement pour répondre à cette crise ainsi que les différentes mesures prises, après quoi nous verrons s'il existe d'autres solutions qui sont meilleures que celles qui ont été prises. S'agissant de la Covid, tout le monde sait que dans l'histoire moderne, jamais l'économie mondiale n'a connu un arrêt quasi complet de la production et des activités de services, ce qui a conduit à une récession économique globale qui a eu des répercussions importantes sur les pertes d'emplois et la baisse de la croissance». Le responsable a profité de la situation pour inviter tout le monde à se rappeler avec fierté le chantier de solidarité historique avec l'implication de tous les Marocains et grâce aux Orientations et directives royales, ce qui a conduit à absorber une grande partie de la souffrance des citoyens. Pression sur l'offre et changement climatique Plus loin encore, Fouzi Lekjaa a affirmé qu'il aurait été bien si l'impact mondial de la Covid s'arrêtait à ce niveau.» «Car plus grave encore et avec le début de l'amélioration de la situation épidémiologique en 2021 et le retour de la demande mondiale de biens et services, il s'avère que la capacité de production avait été réduite dans un certain nombre de secteurs. Cela peut être considéré comme un premier facteur dans la hausse des prix. Rappelons-nous que nous sommes en 2021, c'est-à-dire avant la guerre. En plus de toutes ces puissantes influences mondiales, nous devons nous rappeler les changements climatiques qui ont eu de graves répercussions dans notre pays sur le secteur agricole et l'abondance. Cette situation a nécessité un effort financier supplémentaire au gouvernement avec une enveloppe budgétaire de 10 milliards de dirhams pour soutenir les agriculteurs, notamment les plus modestes», a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «Le résultat global de cette situation a été un taux élevé de l'inflation au niveau mondial, selon les données du Haut-commissariat au Plan, du fait de la hausse des prix des matières premières à l'international, notamment ceux de l'énergie et l'alimentation, qui ont enregistré, respectivement, une augmentation de 80% et 24,5% pour le premier trimestre de l'année en cours alors que ce même taux a continué d'augmenter, enregistrant des niveaux très élevés au niveau de la plupart des pays». Politique volontariste Pourtant, le taux d'inflation au Maroc a atteint 4% jusqu'en mars de cette année, contre 8% aux Etats-Unis d'Amérique, 6,1% dans la zone euro et 7,2% en Tunisie en mars 2022. «Cela signifie que le Maroc a pu limiter cette tendance à la hausse de l'inflation au niveau le plus bas possible, soit 4%, par rapport aux autres pays avec un grand potentiel économique ou des pays appartenant à la même région géographique. Bien sûr, ce résultat n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt d'une politique volontariste forte et des décisions difficiles qui nécessitaient des calculs minutieux. Nous avons dû trouver un équilibre entre un gros effort financier pour soutenir les matières premières et les filières touchées, tout en maintenant l'effort de développement découlant d'une vision royale globale avec des dimensions stratégiques en plus des engagements du gouvernement dans le cadre du modèle de développement», a expliqué le responsable précisant cependant qu'il n'est pas possible de mettre toutes les capacités financières de l'Etat dans une solution à une situation conjoncturelle au détriment de l'intérêt de tous les Marocains pour le développement et la réalisation des grands chantiers qui vont améliorer le quotidien des citoyens à différents niveaux. Options possibles Pour le ministre délégué, il faut être clair et réaliste. Il n'y a personne qui puisse prétendre que l'Etat, n'importe quel Etat, a un contrôle total sur les prix, tout simplement parce que l'économie mondiale est interconnectée dans le cadre de la mondialisation. La même source a expliqué que trois options sont possibles. La première consiste à recourir à la Caisse de compensation pour maintenir la stabilité totale des prix, ce qui va nécessiter un effort financier de 74 milliards de dirhams, soit des dotations financières supplémentaires de près de 60 milliards de dirhams par rapport aux prévisions de la loi de Finances, ce qui nécessitera l'annulation d'investissements publics, y compris ceux relatifs aux secteurs prioritaires (santé, éducation…). La deuxième option consiste à réduire les taxes sur les produits pétroliers dont le revenu annuel moyen est au total de 26 milliards de dirhams, ce qui affectera négativement les équilibres budgétaires. «Pour toutes ces considérations, la troisième option est considérée comme le choix optimal pour nous. Il est basé sur l'exploitation de toutes les marges financières disponibles afin de limiter la hausse des prix dans le cadre d'une vision équilibrée qui ne met pas en péril les intérêts supérieurs du pays et des citoyens, en ce moment et à l'avenir, sachant que les résultats obtenus pour contenir le taux d'inflation notamment confirment l'efficacité de ce choix», a conclu Fouzi Lekjaa.