Saisissant l'occasion de sa présence à la conférence de presse tenue en marge du Conseil du gouvernement, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ est revenu sur les racines de la flambée des prix du blé, du gaz et des hydrocarbures, tout en livrant la stratégie de l'Exécutif pour faire face à un scénario de poursuite de l'inflation en 2022. Détails. Objet de toutes les conversations populaires, la flambée des prix des matières de première nécessité ne cesse d'inquiéter les citoyens au point que c'est devenu le principal sujet d'actualité. Un sujet qui a poussé le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaâ, à venir personnellement à la conférence de presse hebdomadaire, en compagnie du porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, pour briefer l'opinion publique sur les mesures prises par le gouvernement afin d'atténuer l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat. Une sortie médiatique qui intervient quelques heures après l'annonce du plan d'urgence de 10 milliards de dirhams en faveur du monde rural pour compenser les effets de la sécheresse. Concernant les prix du blé, dont l'augmentation fait craindre une possible hausse des ceux du pain, Lekjaâ a tenu à rassurer tout le monde que le gouvernement continuera de subventionner la farine nationale du blé tendre. Pour comprendre les raisons de cette hausse brusque, le ministre a expliqué que le prix d'un quintal de farine est passé de 260 à 340 dirhams, du fait des vicissitudes du marché international, dont il a donné un aperçu. Selon lui, la conjonction de la relance économique mondiale, de la hausse du prix du fret maritime (25 à 35 dollars) et des tensions géopolitiques en Ukraine explique cette hausse. Sur ce point, le ministre n'a pas manqué de souligner que les tensions entre la Russie et l'Ukraine, deux grands exportateurs du blé à l'échelle mondiale, ne manqueraient pas d'impacter le marché et par conséquent pourraient se répercuter sur les prix dans les prochains mois. Pour pallier cette situation et éviter que cela se répercute sur le prix au marché local, le gouvernement a opté pour l'annulation des droits de douane sur le blé importé, quitte à perdre 550 millions de dirhams de recettes douanières. Une mesure qui s'ajoute à la hausse du budget de la compensation en 2022. En effet, le gouvernement suspend les droits de douane depuis le début du mois de novembre 2021 et compte prolonger cette suspension jusqu'au 22 avril 2022, a fait savoir le ministre, ajoutant que le prix de référence de la farine restera stable grâce aux mesures de stabilisation. Force est de constater que la charge de compensation du blé tendre importé s'est élevée à 1,5 MMDH en 2021, sachant que le budget de la compensation a augmenté de 22% dans la loi des Finances 2022. Les déclarations de Fouzi Lekjaâ viennent donc rassurer les professionnels de la boulangerie qui ont menacé d'élever le prix du pain si le coût de revient augmente. Un scénario qui serait cauchemardesque dans un pays où le pain est la base de l'alimentation. En ce qui concerne le gaz dont les cours explosent sur le marché international sur fond de reprise de l'économie mondiale, le prix a augmenté de 60% de 2020 à 2022 sur le marché international, passant ainsi de 530 dollars la tonne en 2020 à 854 dollars, selon les données dévoilées par le ministre délégué. S'il n'y avait pas eu de hausse du subventionnement du gaz, le prix de la bouteille aurait atteint aujourd'hui 130 dirhams. " Chaque bouteille consommée est subventionnée à hauteur de 90 dirhams", a expliqué Lekjaâ. L'inflation touche également les prix des produits pétroliers, dont ceux du diesel et de l'essence qui ont augmenté sur le marché national. Dans ce cas, comme le marché est libéralisé, l'Etat ne peut rien faire pour stabiliser le prix, dont la fluctuation dépend des variations du marché mondial. Actuellement, le prix du gasoil avoisine les 11 dirhams (10,9 dirhams le litre). Bien qu'il n'ait pas moyen d'intervenir par la caisse de compensation, le gouvernement tente de préserver l'équilibre par une taxation modérée des distributeurs. À ce titre, Fouzi Lekjaâ a rappelé que le Maroc pratique le taux de TVA le plus bas dans la région MENA. Ceci dit, la part des impôts ( TVA et TIC comprise) dans le prix du gasoil s'élève à 37% contre, 53% chez les pays de la région. La question qui se pose, quelles mesures supplémentaires compte prendre l'Exécutif pour faire face à cette inflation qui touche directement d'autres secteurs tels que le transport ? Fouzi Lekjâa a évoqué la possibilité d'aides ciblées aux secteurs impactés tels que le transport des marchandises et des personnes. Une réunion est prévue entre le gouvernement et les représentants du secteur à ce sujet et qui devrait aboutir à des compromis. Rappelons que l'Association marocaine du transport et de la logistique (AMTL) a décidé d'augmenter les prix du transport de 20% avant qu'elle ne revienne sur sa décision, jugée illégale par le Conseil de la Concurrence. L'AMTL avait décidé d'augmenter les prix sous prétexte de la hausse des prix des hydrocarbures. Le prix du baril du pétrole, rappelons-le, a atteint son plus haut niveau depuis 2014 en atteignant 97 dollars.