Devant la situation d'impasse qui règne au Proche-Orient, le Maroc, qui bénéficie de l'estime et de la confiance des Palestiniens et des Israéliens, est le premier et le principal pays arabe dont les artisans de l'initiative de Genève sollicitent le soutien. L'ex-ministre palestinien Yasser Abed Rabbo et l'ancien ministre israélien de la Justice, Yossi Beilin, sont actuellement en visite au Maroc. Les deux principaux artisans de l'initiative de Genève devaient être reçus hier en audience par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette visite renoue avec une tradition instaurée dès le premier accord de paix israélo-arabe signé entre l'Egypte et l'Etat hébreu en 1978. de retour des Etats-Unis où il venait de signer l'accord historique de Camp David, l'ex-président égyptien, Anouar Sadate, avait fait une escale au Maroc où il s'était entretenu avec feu SM le Roi Hassan II. Quinze ans après, les deux dirigeants palestinien et israélien, Yasser Arafat et Isaac Rabin, s'étaient arrêtés au Maroc sur leur chemin de retour après avoir signé l'accord de paix dit celui de "La paix des braves". C'était en guise de reconnaissance aux efforts du Maroc que les deux signataires de cet accord avaient décidé de faire escale dans le Royaume qui a toujours œuvré pour l'instauration du dialogue entre les deux parties. Une position que le Royaume avait adoptée et défendue avec conviction durant plus de quatre décennies. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a, dès son intronisation, fait de l'instauration d'une paix juste et équitable au Proche-Orient l'une de ses principales préoccupations. Il est à rappeler que les membres du Comité Al Qods avaient unanimement décidé de reconduire le Maroc en la personne du Souverain à la tête de cette entité chargée par les Etats islamiques d'œuvrer pour le retour de la Ville Sainte à son statut légitime de capitale de l'Etat palestinien. Aussi, la croyance marocaine dans le dialogue comme étant l'unique voie pour parvenir à instaurer une paix durable entre les Palestiniens et les Israéliens dépasse-t-elle la dimension d'une foi passive. Dès son intronisation SM le Roi Mohammed VI a adopté une stratégie diplomatique agissante sur ce dossier. Lors des visites d'Etat que le Souverain a effectué dans plusieurs capitales mondiales, le conflit du Proche-Orient a constitué un dossier prioritaire sur l'ordre du jour des pourparlers du Souverain avec les chefs d'Etat et de gouvernements. De Washington à Moscou, et de Paris à Kuala Lumpur, le Souverain a plaidé la cause de la paix équitable entre la Palestine et l'Etat hébreu. Aujourd'hui, le Maroc est sollicité plus que jamais pour intervenir sur ce dossier. Le blocage du processus de paix avec l'arrivée des deux parties à une situation d'impasse, la recrudescence de la violence et l'escalade militaire provoquée par les agressions israéliennes contre le peuple palestinien et son autorité légitime ont conduit la région vers un blocus total. Devant cette situation, la communauté internationale semble incapable de ramener les deux parties à la table des négociations. Le Maroc, qui bénéficie du respect et de la confiance tant des Israéliens que des Palestiniens, est appelé à jouer un rôle de médiateur pour rapprocher les points de vue des deux parties pour qu'elles puissent reprendre le processus de paix. Et si la “feuille de route” tracée par l'administration américaine constitue un bon plan de paix, il demeure toutefois évident que l'initiative de Genève constitue une première dans l'Histoire du conflit israélo-palestinien. C'est la première fois que des négociations entre Palestiniens et Israéliens aboutissent à un accord total évoquant toutes les questions jusqu'alors considérées comme des sujets tabous d'un côté comme de l'autre. Et c'est en partant de ce constat que SM le Roi avait félicité les artisans de cette initiative qui a ravivé l'espoir de la paix entre les peuples palestinien et israélien. En somme, le fait que les deux protagonistes de l'initiative de Genève aient commencé leur tournée dans les pays arabes par le Maroc, est un geste très significatif illustrant l'importance du rôle que Rabat peut jouer dans la promotion de ce plan de paix auprès de la communauté et des instances internationales.