Changement climatique, crise géostratégique, situation épidémiologique... Le maintien d'une certaine normalité dans un contexte de crises successives sans précédent est extrêmement coûteux. Une réalisation importante à mettre au crédit de l'Etat marocain de manière générale et de ce gouvernement en particulier. A l'instar des autres pays du monde, le Maroc passe par des chocs exogènes qui pourraient impacter sensiblement les hypothèses de croissance. Guerre en Ukraine, flambée des matières premières, évolution incertaine de la situation épidémiologique ainsi que les conditions climatiques instables... Autant de facteurs qui menacent la reprise de l'activité économique aussi bien sur le plan local qu'international. Une conjoncture marquée par l'incertitude et la soudaineté et qui impose au Royaume de gérer «des crises totalement importées». C'est en ces termes que le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qualifie la situation actuelle. Une phase qui, certes, met encore une fois à l'épreuve les systèmes économiques et sociaux du pays mais qu'affronte le gouvernement en toute confiance et détermination. «Notre volonté est forte de prendre tout ce qui est nécessaire pour alléger les charges des citoyens et citoyennes durant cette conjoncture», souligne M. Akhannouch lors de la séance plénière du lundi 18 avril consacrée aux questions orales mensuelles adressées au chef du gouvernement. Et de poursuivre que «le Maroc a fait preuve de résilience face aux crises successives au point d'en faire des opportunités de croissance et de développement». Répondant à une question centrale à la Chambre des représentants sur la situation de l'économie nationale à l'aune des changements climatiques et géostratégiques, le chef du gouvernement a réaffirmé que «les membres du gouvernement sont conscients de la délicatesse de cette phase que traverse l'économie marocaine». Le gouvernement Akhannouch se déclare ainsi prêt à mobiliser les ressources nécessaires et prendre les décisions optimales pour faire face aux différents chocs que subissent l'offre et la demande tant sur le marché local qu'international. Pas de recours à la loi de Finances rectificative Pour Aziz Akhannouch, le maintien d'une certaine normalité dans un contexte de crises successives sans précédent est extrêmement coûteux. Une réalisation importante à mettre au crédit de l'Etat marocain de manière générale et de ce gouvernement en particulier. «Le gouvernement a eu le courage d'adopter des hypothèses réalistes lors de la préparation et de la ratification de la loi de Finances, qui a été déposée le 22 août. Il a mobilisé des ressources financières exceptionnelles, et a corrigé ses choix budgétaires avec justesse et célérité», indique-t-il. Et de poursuivre que «le gouvernement actuel sera en mesure de fournir les ressources financières nécessaires pour maintenir le coût de certains produits indispensables malgré leur hausse sur les marchés internationaux, tout en préservant les finances publiques et sans recourir à une loi de Finances rectificative». Lors de son intervention, M. Akhannouch a indiqué que le gouvernement a répondu aux Hautes Instructions Royales ainsi qu'aux attentes des citoyens, déployant des efforts exceptionnels pour faire face aux répercussions de cette crise multidimensionnelle. «A cet égard, la consommation des ménages connaît une évolution positive, dans le sillage des déterminants du revenu, résultat des actions gouvernementales. En effet, l'équipe gouvernementale a accordé une priorité maximale au suivi de toutes les évolutions liées aux prix et a pris une série de mesures pour assurer la stabilisation du pouvoir d'achat des ménages marocains. Le tissu entrepreneurial n'est pas en reste puisque le gouvernement s'engage à prendre les mesures nécessaires pour réduire les effets des prix élevés des matières premières sur les entreprises nationales, exploitées dans le cadre de marchés publics. Un taux de croissance entre 1,5% et 1,7% en 2022 Lors de cette plénière, Aziz Akhannouch a dressé un premier panorama de l'évolution de l'économie nationale et mondiale en ces premiers mois de l'année. Il ressort que l'intensité de l'inflation, début 2022, s'est exacerbée sur fond d'escalade des troubles et des conflits géostratégiques et violents». Les tensions inflationnistes ont atteint des niveaux exceptionnels, tant dans les économies développées que dans celles en voie de développement», fait savoir M. Akhannouch. Une situation qui a imposé une révision à la baisse des projections de croissance. Le Fonds monétaire international prévoit dans ce sens une régression d'environ 1 point de la croissance mondiale comparativement aux perspectives dressées début janvier. Ainsi le taux de croissance mondial s'établirait à 3,5% contre 4,4% initialement prévu. Pour le Maroc, l'économie nationale devrait connaître selon le chef du gouvernement une croissance oscillant entre 1,5% et 1,7% en 2022 contre une estimation de 3,2% telle que prévue dans la loi de Finances 2022. Cette prévision est principalement influencée par la révision de la valeur agricole de 11%. En dépit de ces projections, l'économie nationale continue de résister. «Les indicateurs actuels confirment une économie nationale orientée positivement, compte tenu de l'amélioration des activités industrielles au cours des trois premiers mois de cette année», assure Aziz Akhannouch. Se référant au chef du gouvernement, le PIB non agricole maintient sa dynamique prévue dans le cadre de la loi de Finances 2022, et ce compte tenu de l'amélioration de l'activité industrielle au titre des trois premiers mois de l'année, notamment celle du secteur de l'énergie, du BTP, des mines, de l'agroalimentaire, du textile et de l'aéronautique. L'investissement connaît également une bonne dynamique du fait de la hausse observée des importations de matières premières et de produits semi-finis ayant atteint respectivement 18,5% et 52% à fin février 2022. Pour ce qui est du secteur du BTP, les ventes de ciment ont crû de 5,8% à fin février. Aziz Akhannouch évoque par ailleurs la hausse soutenue des exportations marocaines à fin février 2022, notamment celle des phosphates (+96%), de l'agroalimentaire (+13,8%), du textile (+26%), de l'aéronautique (+53%), l'électronique (23%) et l'automobile (+4%). Notons qu'en dépit de ce contexte difficile, le Maroc a réussi à maintenir son classement à l'international. L'Agence internationale de notation Standard & Poor's a confirmé des perspectives stables des équilibres financiers du Royaume.