Octobre est décrété, à travers le monde, mois de la sensibilisation contre le cancer du sein. Pr. Rajaâ Aghzadi, présidente de l'association «Cœur de Femmes», insiste sur le dépistage précoce pour lutter contre un mal qui touche de plus en plus les femmes marocaines. ALM : Octobre est le mois de la sensibilisation sur le cancer du sein à travers le monde. Y a-t-il des statistiques sur ce fléau au Maroc ? Pr. Rajaâ Aghzadi : Malheureusement, nous n'avons toujours pas de statistiques sur le cancer du sein chez la femme marocaine. Par contre, nous avons des estimations qui révèlent que le nombre des femmes traitées actuellement est de 5000. Nous estimons également que chaque année, il y a de 10.000 à 12.000 nouveaux cas constatés au Maroc. Il s'agit donc bel et bien d'un fléau qui guette les femmes partout dans le monde. En France, il y a 40.000 nouveaux cas annuellement tandis qu'au Canada, une femme sur dix est touchée. A l'exception de toutes les autres maladies, le cancer du sein n'a pas une journée, mais un mois… Exactement, octobre est décrété, à travers le monde, mois de la sensibilisation et de la lutte contre le cancer du sein. C'est une occasion de conseiller toutes les femmes de faire attention et surtout de palper le sein sous la douche. On ne le répétera jamais : plutôt détecté, plutôt guéri. Le dépistage précoce permettra à la femme de guérir rapidement et surtout de ne pas courir le risque d'une mutilation. Des fois, et c'est malheureux, des femmes ne se rendent chez un médecin que tardivement. Dans ce cas, il y a recours direct à l'acte chirurgical. Comment vivent ces femmes cet acte chirurgical de mutilation du sein ? Très mal ! C'est pour cette raison que je ne cesserais jamais de le dire : il faut dépister tôt. Vous savez, le sein est un organe qui subit des variations hormonales au cours de la vie d'une femme. De la puberté à la ménopause, en passant par la grossesse, la contraception, l'allaitement, le sein ne cesse de connaître des variations hormonales. On ne sait toujours pas pourquoi ni quand ces cellules deviennent « folles » et commencent à se multiplier. Avoir un cancer du sein change de pied en cap la vie d'une femme ainsi que de sa famille. Certaines, après mutilation, se trouvent privées même de la seule sortie qu'elles ont : le hammam. Nous insistons donc toujours sur le dépistage et l'auto-palpitation. Quels sont les axes de la campagne de communication que va mener « Cœur de femmes » ? D'abord, « Cœur de femmes » tient à présenter le bilan de ses quatre années d'activité. C'est ainsi que nous avons procédé au dépistage de 30.000 femmes à travers les différentes régions du Royaume. Notre association compte 200 médecins, tous volontaires, qui ont accompli jusqu'à aujourd'hui 200 opérations chirurgicales. Nous comptons, d'une manière particulière, sur les médias pour toucher davantage les femmes. Il y a également les sponsors qui nous soutiennent dans cette lutte contre le cancer du sein. Entre-autres, il y a l'agence RP Media qui s'est associée à « Cœur de femmes » cette année pour réussir cette campagne de sensibilisation. À noter également que nous tenons à rendre hommage à toutes ces femmes qui souffrent d'un cancer de sein.