L'Association marocaine de lutte contre le cancer du sein, «Cœur de femmes» vient d'organiser une grande opération à Laâyoune où 1200 femmes ont été examinées et une vingtaine de cas opérés sur place. Une initiative exemplaire pour sensibiliser sur un mal ravageur qui appelle la mobilisation de tous pour combler l'absence de vision et de politique publique dans le domaine de lutte contre le cancer. Le cancer du sein touche 16 % de l'ensemble des personnes cancéreuses. Au niveau national, le cancer du sein est devenu le premier cancer féminin avec 3000 nouveaux cas par an. Un nombre important de femmes se découvrent atteintes au moment où elles sont fortement impliquées dans la vie active. Devant cette situation alarmante, une association vient de voir le jour pour se consacrer particulièrement à ce fléau. « Cœur de femmes » est l'association marocaine de lutte contre le cancer du sein, créée en septembre dernier et dont la majorité des membres sont des femmes. Mais c'est depuis une dizaine d'années qu'un intense travail sur le terrain est effectué par les médecins membres de l'association, notamment son président fondateur le professeur Raja Aghzadi. Leur pratique dans ce domaine justifie leurs inquiétudes, ce qui a suscité chez eux une urgence de sensibiliser la population féminine. Non seulement ils ont décidé de lutter contre le cancer, mais le rôle majeur qu'ils se sont assignés est précisément de lutter contre l'ignorance du risque. Ils ont décidé d'aller vers la population féminine pour l'informer sur l'importance du dépistage précoce ( 70% des cas se révèlent par simple auto-examen). L'association veut se focaliser sur une stratégie crédible et porteuse de résultats efficaces. Toute l'énergie est donc concentrée sur le terrain. «Cœur de femmes» compte examiner le maximum de patientes pour détecter la moindre anomalie, et de ne ménager aucun effort afin d'apporter soins et réconfort aux patientes, particulièrement les démunies d'entre elles. Et pour cause, dans notre société, il faut prendre compte de certains critères socio-culturels à commencer par la pudeur de ne pouvoir s'interroger sur certaines anomalies que peut connaître le corps d'une femme. Il en va de son foyer. Et puis il y a la peur d'affronter une réalité mortellement dangereuse. A cela s'ajoute le facteur de l'ignorance qui couronne toutes les complications envisageables. Selon le Pr. Aghzadi « Il y a un courant qui passe avec toutes les femmes qui sont touchées par cette maladie. Dans les actions que nous menons, il y a le côté professionnel, chirurgical pour lequel j'éprouve une grande passion et le côté social qui prolonge le contact et la proximité avec les patientes ». Bien qu'il y ait des estimations approximatives des cas de cancer du sein, il faudrait des statistiques exactes pour permettre une élaboration de stratégies efficaces, capables d'aboutir aussitôt que possible. Dans son élan d'information, l'association oriente de plus en plus ses efforts sur le monde rural qui contient tout de même 80 pc des femmes marocaines. « Avant, nous nous contentions de sensibiliser et de comptabiliser les cas. Aujourd'hui, nous les traitons. En six mois, nous avons traité vingt huit cas. On s'est assimilé le rôle d'aller voir la femme déshéritée car elle ne lit pas la presse. C'est donc à nous d'aller la voir d'où la nécessité des campagnes organisées par notre association. » déclare la présidente de «Cœur de femmes». C'est dire combien la mission de cette association est importante. Des villages, des bidonvilles, des zones montagnardes inaccessibles, il y en a assez dans notre pays, et c'est justement là où «Cœur de femmes» envisage de concentrer ses efforts. Il convient de rappeler que la prise en charge d'un seul cas de cancer du sein demande au moins 60 000 dirhams. A ce titre, toute bonne volonté serait la bienvenue.