Les victimes de la traite des êtres humains en Europe du Sud-Est, et en particulier les mineurs, sont de plus en plus nombreuses à faire l'objet d'un trafic axé sur le travail forcé, la mendicité et la délinquance, ont souligné vendredi, à Genève, des responsables de l'Organisation Internationale de Migration (OIM). S'exprimant, au cours d'une conférence de presse, pour la présentation du nouveau rapport annuel de l'OIM, sur cette question, les responsables de cette organisation ont indiqué que le phénomène de la traite a atteint des proportions alarmantes dans cette région . Ce rapport, établi en collaboration avec des organismes de la lutte contre la traite, met en lumière le fait que les victimes sont l'objet d'un trafic soit en provenance, soit à destination des pays de l'Europe du Sud-Est, soit encore en transit par ces pays, et non seulement à des fins d'exploitation sexuelle, mais aussi dans d'autres buts, comme le travail, la mendicité et l'adoption. Selon le document, ce phénomène concerne à présent un nombre croissant d'hommes, citant le cas de l'Albanie, où 70 % des victimes, destinées par les trafiquants au travail forcé, à la mendicité et à la délinquance, sont de sexe masculin. Les victimes secourues en Europe du Sud-Est, entre janvier 2000 et décembre 2004, ont été au nombre de 6.255, mais le rapport souligne que le nombre total des victimes devrait être nettement supérieur. L'Albanie, la Roumanie, la Moldavie et, dans une moindre mesure, la Bulgarie et la province du Kosovo (Serbie-et-Monténégro) sont les principaux pays et entités d'origine des victimes de la traite dans la région, représentant 89 % des victimes secourues en 2004. Le rapport fait aussi état de l'augmentation du nombre des victimes en provenance de Croatie, de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine et de Serbie-et-Monténégro, qui étaient, jusqu'à présent, des pays de transit et de destination. L'Ukraine reste le principal pays d'origine des victimes de la traite à destination de l'Europe du Sud-Est, tandis qu'un nombre croissant de victimes proviennent de pays aussi éloignés que la Chine, l'Iraq, la Géorgie, la Mongolie, le Liban, l'Arménie et l'Ouzbékistan. Par ailleurs, le rapport souligne l'intensification de la traite à l'intérieur même d'un certain nombre de pays de la région objet de l'étude ce qui, dans certain cas, n'est que la première étape vers un trafic à l'échelle internationale, précisant que de plus en plus souvent, dans toute la région, les victimes franchissent les frontières par les points de contrôle officiels et en possession de documents en bonne et due forme. La quête d'un emploi à l'étranger reste la principale raison qui pousse la plupart des victimes de la traite à partir de chez elles, ajoute le rapport qui, néanmoins, fait état d'un certain nombre de développements positifs sur le plan de l'aide aux victimes et de leur protection, surtout au niveau des structures d'orientation et de la participation des gouvernements aux niveaux de la prévention, de la protection et des poursuites. Les auteurs du rapport attirent l'attention sur les graves lacunes qui subsistent encore, notamment sur le plan de l'identification des mineurs victimes de la traite et de la fourniture d'une aide spécialisée à ces derniers et appellent à une coopération intergouvernementale accrue et à la création d'une base de données centralisée propre à favoriser une meilleure compréhension du phénomène.