M'hamed Zghari a démissionné de son poste de directeur général du Wydad de Casablanca. Un départ orchestré par certains dirigeants et qui laisse un grand vide dans le grand chantier de restructuration du club. Directeur général du Wydad de Casablanca depuis seulement quelques mois, M'hamed Zghari quitte son poste. Celui-là même qui se devait de mener le train de réformes que connaît le club, dans la perspective d'un certain professionnalisme, s'est vu contraint d'abandonner une mission dont il est l'une des rares personnes au Maroc à pouvoir s'acquitter. La raison est bien simple et elle n'est autre que son salaire, de 40.000 DH, que les nouveaux dirigeants du club ont jugé excessif. Face à la décision de ces derniers de revoir son salaire à la baisse, le réduisant de la moitié, le jeune cadre n'a eu d'autre choix que de se retirer. «De quoi répondre au véritable objectif recherché, la baisse du salaire étant un moyen moins de réguler les dépenses du club que de pousser les indésirables à la porte», nous apprend une source proche du dossier. Avec ce nouveau départ, qui donne la suite, sans pour autant être nourri par les mêmes motivations ni avoir les mêmes conséquences sur la marche des Rouge et Blanc, de Soufiane Chiadmi, c'est toute l'organisation et les priorités du club casablancais qui seront chamboulées. Bardé de diplômes, notamment l'ESSEC à Paris, universitaire et parlant trois langues, Zghari était l'homme des missions difficiles. Cheville ouvrière de la cellule d'organisation du défunt projet marocain d'organisation de la Coupe du Monde 2010, M'hamed Zghari, un féru de football et du Wydad, dont l'école lui a servi de premier terrain de jeu, était aussi l'homme de la réforme du club. D'aucuns misaient sur son expérience et son savoir-faire pour voir le Wydad relever le défi de la restructuration et de la modernisation. C'était sans compter la manière dont notre football est géré, faite non pas de projections à moyen et long terme, comme il avait à peine commencé à l'instaurer, mais d'une gestion au coup par coup qui ne tient compte que d'un présent qui n'a plus rien de prometteur. Zghari avait pourtant les compétences requises pour une réforme viable et même de hisser un club aussi grand qu'ancré dans le paysage sportif national, lui l'initiateur de l'almanach du football qui a été fort applaudi. Au point de susciter respect et admiration de plus d'un, dont un certain Saâd Kettani, M.Maroc 2010, qui l'avait repéré alors que le jeune cadre s'occupait du cabinet d'Ahmed Lahlimi lors du gouvernement d'alternance II puis à la Primature. Avec Youssef Bencheqroun, trentenaire brillant de cette organisation et supporter du Wydad, ils étaient les deux personnalités marquantes du comité d'organisation. Le Maroc est certes sorti perdant de la course à l'organisation du mondial, mais il n'en a pas moins connu l'éclosion de plusieurs cadres, les tout-premiers d'ailleurs, a avoir une conception plus réaliste, plus professionnelle de la chose footballistique et des moyens de la promouvoir. Le résultat, on l'a vu lors même de la campagne marocaine, la plus réussie de toutes celles qui l'ont précédée. La trentaine à peine, M'hamed Zghari n'a pas encore dit son dernier mot. Ce sera à Casablanca, chez le frère ennemi, dont la volonté de récupérer le jeune cadre nourrit bien de rumeurs, qu'il devrait atterrir de nouveau ou dans une instance nationale, comme la Fédération de football, instance qui a, maintenant et plus que jamais, besoin d'un nouveau souffle et d'un nouvel esprit pour porter le flambeau de la mise à niveau et le mener le plus loin possible.