Mettre fin à ce statut quo malsain et provoquer le rapprochement bilatéral tant attendu se fera peut-être grâce à l'intervention américaine. La nomination du général Larbi Belkheir au poste d'ambassadeur de l'Algérie à Rabat en remplacement de Boualem Bessaieh a suscité un intérêt médiatique assez important à l'étranger. Un intérêt à la mesure de l'état des relations maroco-algériennes inscrites sous le signe de la tension permanente mais dont on attend toujours le meilleur après avoir connu des moments difficiles. Tant mieux si l'ex-directeur de cabinet de Abdelaziz Bouteflika, dont la décision de nomination à Rabat a été du reste prise bien avant la libération des 404 prisonniers marocains, veut œuvrer pour instaurer des relations de “confiance“ entre les deux frères-ennemis. Tant mieux si M. Belkheir, dont la nouvelle mission était conçue initialement par le président algérien comme une belle retraite dorée, compte réellement donner corps à cette réalité incontournable que le Maroc et l'Algérie sont “condamnés à s'entendre“. Ce ne serait pas faire preuve de mauvaise grâce que de dire que le rapprochement entre Rabat et Alger a besoin plus que de déclarations convenues et de formules entendues dont les uns et les autres ont l'habitude depuis plusieurs décennies. Le dégel plusieurs fois annoncé avant d'être à chaque fois remis en cause par le Palais El Mouradia dépend d'abord de la volonté algérienne de lier son destin à celui du Maroc et vice versa pour bâtir un avenir meilleur qui passe, bien entendu, par l'intégration maghrébine. Ce destin commun, le Maroc n'a eu de cesse de l'appeler de ses vœux mais à cette bonne foi qui ne s'est jamais démentie répond du côté algérien une hostilité déclarée et constante envers l'intégrité territoriale du Royaume. Ce jeu trouble, devenu lassant, voire exaspérant n'en finit pas de durer. Il dure depuis 25 ans, il peut durer encore plusieurs décennies. Mettre fin à ce statu quo malsain et provoquer le rapprochement bilatéral tant attendu se fera peut-être grâce à l'intervention américaine qui a réussi pour le moment à libérer les 404 prisonniers marocains de Tindouf comme première étape d'un processus de redynamisation dans la région. Une chose est sûre : Alger ne peut plus continuer à n'en faire qu'à sa tête au risque de compromettre, sérieusement et durablement, l'avenir du Maghreb par son soutien d'une bande de mercenaires. En effet, l'administration Bush, qui appelle à un dialogue direct entre Rabat et Alger, voit de moins en moins d'un bon œil la mésentente maroco-algérienne qui retarde la construction maghrébine et pourrait surtout menacer à terme la stabilité régionale. En effet, les éléments du Polisario, qui vivent de trafics de tout genre (armes, nourritures, cigarettes…), peuvent fournir un excellent vivier pour le terrorisme international. Le nouvel ambassadeur d'Alger à Rabat, qui se soigne depuis quelques semaines à Paris, a beaucoup de pain sur la planche. Réputé être un fin connaisseur du Maroc où il avait fait ses études par le passé, il a tout loisir de démentir la rumeur selon laquelle son retour dans le Royaume en tant que diplomate était juste un moyen de l'éloigner des arcanes du pouvoir algérien.