Une jeunesse talentueuse, omniprésente et impatiente commence à faire parler d'elle au Maroc. De nombreuses actions ont été entreprises avec un seul objectif : favoriser son épanouissement par le sport, la musique, la culture… Un vent d'air frais et jeune souffle sur notre pays, plusieurs facteurs y contribuent mais il en est un sur lequel je voudrais m'arrêter : l'émergence de la jeunesse ! Dans les quartiers tout d'abord, où ils sont de plus en plus nombreux à se prendre en mains, à prendre en charge leur environnement immédiat, leur quotidien… ; dans le mouvement associatif – qui va de pair-où ils bousculent les habitudes et prébendes dépassées et innovent, inventent, bougent… Dans la culture, à titre d'exemple, les innombrables groupes de jeunes musiciens issus des quartiers qui se sont produits lors de la Fête de la Musique, qui « assurent » dans Studio 2M, ou se font un nom dans le cinéma, la littérature… Le sport n'est pas en reste où-et ce n'est pas exhaustif-Zaki a su au niveau du football constituer une belle équipe « Rouge, Vert, Beur ». Zaki est également jeune, c'est en quelque sorte un « grand-frère » , ce qu'il a réussi dans le ballon rond, d'autres de sa génération piaffent de pouvoir le faire dans bien d'autres disciplines sportives… Puisqu'il est question d'aînés, qui correspondent au qualiquatif de jeunes, alors saluons les nominations de jeunes walis tels Hassan Aourid ou Mounir Chraïbi, apprécions le travail d'un jeune ministre tel Mohamed El Gahs, en phase avec son époque. Pour autant, ce souffle est-il perceptible partout ? Certes non, et les partis politiques dirigés par une génération née dans les années 30 en est bien l'exemple. Or, 70% de notre population a moins de 30 ans : il serait déraisonnable de laisser ces jeunes «sur le bord du chemin» et dommageable de les cantonner «à la marge» ; pour eux-mêmes bien-sûr mais pour notre société encore plus. Cette jeunesse talentueuse, omniprésente, est impatiente : c'est le propre de la jeunesse : favoriser son épanouissement par le sport, la musique, la culture… est indispensable. Mais on ne saurait la cantonner aux terrains de foot ou aux scènes musicales ; c'est dans tous les domaines de notre vie publique qu'il faut ouvrir portes et fenêtres! L'âge de l'adolescence se prolonge dangereusement aujourd'hui : tant que l'on dort dans le coin d'une pièce de la demeure familiale ou que l'on est tributaire des 10 dirhams que la mère nous glisse dans la main, l'on ne peut être adulte. Même si l'on a 30 ans ! C'est donc bien la responsabilisation et l'accès aux responsabilités de ces jeunes qu'il faut favoriser. Dans le mouvement associatif, le sport, la culture… Comme on l'a vu, cela est en train de se faire doucement certes, mais sûrement. Mais ceci dit, les entreprises, les conseils d'élus, les partis politiques, le monde des médias, l'administration… ne peuvent être en reste car une société qui ferme ses portes à la jeunesse, ou pire une société qui a peur de sa jeunesse est une société qui a peur de son avenir. Nous célébrons l'anniversaire du 20 Août, la Fête de la Jeunesse qui marque l'anniversaire de notre jeune Souverain : excellentes occasions pour se pencher sur le sort de nos jeunes et y trouver le tremplin nécessaire pour «transformer l'essai» ! L'emploi des jeunes a été classé priorité des priorités par Sa Majesté le Roi, à juste titre, car comment être citoyen à part entière lorsque l'on chôme une vie durant . Là aussi, le tissu associatif représente une niche d'emplois formidable, notamment en terme de médiation sociale. Le mouvement associatif jeune est à la fois un gros demandeur et un gros pourvoyeur potentiel, d'animateurs culturels, d'animateurs sportifs, de médiateurs… Une réflexion à long terme sur l'emploi doit prendre en compte cette donnée et entreprendre la concertation nécessaire avec le monde associatif pour réfléchir aux possibilités en la matière – notamment en termes de «contrats». Pour terminer, j'aimerais citer – à titre d'exemple- ce qu'a entrepris le Réseau Maillage, puisque connaissant le sujet «de l'intérieur», et sachant sur le bout des doigts ce que ces jeunes sont en train de réaliser. Débutée il y a 3 ans l'aventure Maillage regroupe aujourd'hui 47 associations de jeunes, par les jeunes, pour les jeunes œuvrant dans les quartiers et bidonvilles les plus défavorisés de Casablanca, Rabat, Salé, Mohammédia, Témara, Béni Mellal, Meknès, Laâyoune, Tarfaya… Les dernières associations créées au sein du réseau portent des noms évocateurs : «Graines de citoyens», «Biladi», «Un pour tous, tous pour un», «Positive attitude »… Les responsables, les militants, les adhérents de ces associations vivent tous dans les quartiers où ils agissent : Ils partagent le même quotidien, les mêmes problèmes, les mêmes espoirs. Point d'assistanat ici, ni d'actions ponctuelles ou de « bonne conscience » mais un même vécu et une même rage de vaincre ! A une conseillère d'un ministre disant à ces jeunes à quel point elle trouvait leur travail formidable et ne comprenait pas pourquoi ils avaient autant « d'ennemis », les jeunes eux-mêmes répondirent qu'ils avaient conscience de déranger : en se prenant en mains, ils retiraient le « pain de la bouche » de ceux qui avaient fait de la jeunesse leur chasse gardée et en créant leurs propres associations avaient donné un coup de pied dans la fourmilière de la société civile. L'illustration en est ce que ces jeunes ont réalisé cet été même : alors que les maisons de jeunes fermaient leurs portes et que les « grandes associations » se mettaient aux abonnés absents, eux durant 8 semaines organisaient une « plage pour adolescents » des quartiers défavorisés où chaque jour de 9 h du matin à 18h, 300 jeunes de 15 à 25ans, gérés par des jeunes de leur génération, issus des mêmes quartiers qu'eux, pratiquaient activités sportives et culturelles au bord de la plage. Ce sont ainsi quelque 9000 adolescents qui le temps d'un été se seront « frottés » à l'engagement associatif, confrontés à l'auto-gestion et divertis en faisant l'apprentissage de la responsabilité. Tout cela avec très peu de moyens ! C'est à eux prioritairement- que s'adresse l'INDH : certes en tant que bénéficiaires mais aussi (et surtout) en tant qu'acteurs. Ne nous y trompons pas, ces jeunes y sont prêts et l'INDH est l'une des clés pour leur ouvrir portes et fenêtres.