Les USA violent le droit international en prenant "prétexte" des attaques du 11 septembre, estime l'avocate iranienne Shirin Ebadi dans le discours prononcé mercredi à Oslo après avoir reçu le prix Nobel de la paix. "Les préoccupations des défenseurs des droits de l'Homme s'aggravent quand ils voient que les droits de l'Homme sont enfreints non pas seulement par ceux qui s'y opposent notoirement (...) mais que ces principes sont aussi violés par les démocraties occidentales", souligne-t-elle. "Au cours des deux dernières années, certains Etats ont violé les principes universels et les droits de l'Homme en utilisant les événements du 11 septembre et la guerre contre le terrorisme international comme prétextes", précise-t-elle, ciblant de façon à peine dissimulée les Etats-Unis. Dans son discours, Mme Ebadi évoque ainsi le cas des centaines de prisonniers détenus par les Etats-Unis à Guatanamo "sans la protection prévue par les conventions internationales de Genève, par la Déclaration universelle des droits de l'Homme et par les textes des Nations unies sur les droits civils et politiques". Distinguée par le comité Nobel pour son engagement en faveur des droits de l'Homme, des femmes et des enfants en Iran, pays considéré par le président américain George W. Bush comme appartenant à l'"axe du mal", Mme Ebadi, 56 ans, dénonce également une double morale de la part des pays occidentaux. "Pourquoi certaines décisions et résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sont-elles contraignantes alors que d'autres résolutions du Conseil ne le sont pas?", s'interroge-t-elle, en faisant un parallèle entre Israël et l'Irak. "Pourquoi au cours des 35 dernières années, des dizaines de résolutions de l'ONU concernant l'occupation des territoires palestiniens par l'Etat d'Israël n'ont-elles pas rapidement été appliquées?" "Tandis qu'au cours des 12 dernières années, l'Etat et la population d'Irak ont été sujets à une attaque, un assaut militaire, des sanctions économiques et, pour finir, une occupation militaire, la première fois après recommandation du Conseil de sécurité et la deuxième fois en dépit de l'opposition du Conseil de sécurité", poursuit-elle, en évoquant la guerre du Golfe de 1991 et l'intervention américano-britannique cette année contre le régime de Saddam Hussein. Mme Ebadi a reçu le prix Nobel de la paix hier lors d'une cérémonie solennelle à l'hôtel de ville d'Oslo. Le prix consiste en un diplôme et une médaille d'or assortis d'un chèque de 10 millions de couronnes suédoise (1,12 million d'euros).