Les entrepreneurs suivent en général la vague des ministres, dossiers en main, et campent au Nord. Cette année, les exceptions ne sont pas rares. De grosses pointures manquent à l'appel. A la notable exception de Hassan Chami, patron des patrons, actuellement en méditation sur les vicissitudes de la vie des affaires du côté d'El Jadida (où il ne reçoit que les intimes), beaucoup de chefs d'entreprise suivent la tendance affichée par les membres du gouvernement et campent au Nord. L'axe Tanger-Tétouan est particulièrement prisé cette année, Kabila restant le refuge des habitués. C'est le cas du président de la Fédération du Tourisme, Jalil B. Taârji, en «inactivité intellectuelle totale» à Kabila. «J'y viens depuis 24 ans, depuis que j'ai eu mon Bac», déclare-t-il, entre deux éclats de rire. L'air des lieux a sûrement des vertus réparatrices. Le directeur général de Tikida Garden dit venir uniquement pour le repos. A soustraire donc de la flopée d'hommes d'affaires, engagés sur la route des vacances, dossiers en main, dans l'espoir de croiser par exemple le ministre de la Justice, le directeur de tel groupe. Visiblement beaucoup de vacanciers bronzent au soleil en faisant des affaires, ce qu'ils admettent rarement. L'homme d'affaires Lahbib Eulj, parlementaire du RNI, a passé ses débuts de vacances à Tétouan puis à Sâïdia, avant de goûter au repos du guerrier à Oujda, sa terre natale. «Mes vacances sont consacrées à la famille», déclare-t-il. Même credo défendu par Hamad Kassal, qui fort d'une année active, profite aussi des douceurs de l'accalmie. En attendant une rentrée qui promet d'être chaude, le patron de la Fédération des PME-PMI prend du recul par rapport à une actualité qui ne l'a pas toujours ménagé. Dès aujourd'hui, il débute une petite tournée en famille. Une petite escale de quatre jours est prévue à Tanger, puis se sera Cabo Negro, Kabila et, en denier lieu, Assilah. «Les vacances d'un dirigeant d'une PME ou PMI ne peuvent jamais être longues», confie-t-il. Surtout qu'en ce qui le concerne, la saison des amendes bat son plein. Parmi ceux qui manquent à l'appel, un certain Karim Tazi. Il n'est ni à Cabo Negro, ni à Sâïdia ni à Tanger. Le patron de l'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement coule des vacances heureuses en Espagne, une destination en concurrence directe avec le Nord du Maroc. Ce n'est pas Abbès Azzouzi qui le contredira. En vacances, le directeur général de l'ONMT a gardé un secret absolu sur sa destination. L'on ne peut tout même accuser ce cadre moderne de faire montre d'un excès de superstition. Tout comme Karim Tazi, il serait vain de chercher Bouchaib Benhamida à Kabila. «En convalescence», le président de la Fédération nationale du BTP n'a guère bougé de Casablanca. Gageons qu'il mettra ce temps d'arrêt à profit pour hâter la rédaction des propositions que le secteur de l'habitat est en train de confectionner en vue de la prochaine Loi des finances. Il y a ceux qui ne prennent pas de vacances. Cas de Jamal Belahrach. Le directeur général de Manpower Maroc trouve des vertus dans le travail en août, mois des grands départs : «C'est le meilleur moment pour travailler. Tout est calme. L'on n'est pas dérangé par les coups de fil…». Mohamed Fikrat doit aussi trouver des raisons de travail dans le mois d'août. Le patron de la Cosumar qui vient à peine de fêter la reprise des quatre unités publiques est en plein travail. La saison des semis qui commence bientôt (en septembre), les chantiers à mener…Bref, il y a du pain sur la planche. Les vacances les plus mouvementées sont à mettre à l'actif du directeur général de la Caisse de compensation, Najib Benamor, lequel, depuis 1995 n'a pris qu'un mois et demi de congés en cumulé. Son congé entamé le week end dernier par deux jours en Espagne a coïncidé avec la hausse des prix du carburant. Comme Rachid Talbi Alami, venu dare-dare de Tétouan, samedi dernier, Najib Benamor, resté injoignable au téléphone, a sûrement passé une journée en simulation et en calcul. Dur, dur de voir ses vacances rattrapées par l'actualité.