Le ministre israélien des Finances a démissionné pour protester contre le plan de retrait de la bande de Gaza. Le gouvernement a, toutefois, donné son feu vert à l'évacuation d'un groupe de colonies. Un véritable coup de théâtre s'est produit dimanche au sein du cabinet d'Ariel Sharon. Alors que le gouvernement de l'Etat hébreu s'apprêtait a approuvé la première phase du retrait, le ministre des Finances, Benjamin Netanyahu, annonce sa démission donnant espoir à l'extrême droite et au lobby des colons. Une démission tardive vue qu'elle n'aura aucun effet sur le plan de désengagement. « Un retrait unilatéral sans aucune contrepartie en échange n'est pas la bonne méthode», a expliqué le grand argentier dans sa lettre de démission. «Je ne peux pas m'associer à cette mesure irresponsable qui divise la population, nuit à la sécurité d'Israël et présentera à l'avenir un danger pour l'unité de Jérusalem», fait valoir le rival d'Ariel Sharon au sein du principal parti de droite au pouvoir. Selon un haut responsable israélien, cette démission n'aura aucune influence sur l'application du plan de désengagement du Premier ministre, et il ne souffrira d'aucun retard. «Elle ne devrait pas avoir non plus d'impact sur le plan économique, car le successeur de M.Netanyahu, le vice-Premier ministre Ehud Olmert, va poursuivre essentiellement la même stratégie tout en donnant plus d'importance au volet social», a-t-il ajouté. Le ton de la presse israélienne était en règle générale critique envers le ministre des Finances. La plupart des commentateurs estimant que la démission tardive d'un politicien depuis toujours opposé au "plan de désengagement" relevait avant tout d'un calcul politique. «La question qui se posait n'était pas s'il démissionnerait, mais quand et de quelle manière il le ferait. Or, Netanyahu, cet éternel retardataire, a raté une fois de plus le coche», écrit le quotidien Yediot Aharonot. Le quotidien estime qu'il y a un an sa démission aurait pu bloquer le plan de désengagement. Aujourd'hui, elle ne changera rien, ajoute le quotidien. Par ailleurs, le journal juge que le véritable objectif de l'ancien Premier ministre est de "prendre la direction du Likoud". Le quotidien libéral Haaretz a sévèrement critiqué le ministre démissionnaire dans son éditorial. «En donnant sa démission, Netanyahu occupe la place naturelle qui lui est destinée : à la tête de l'extrême droite», écrit-il. Benjamin Netanyahu savait que son départ ne pourrait stopper le plan retrait. « Je ne m'attendais pas à ce que mon départ du gouvernement mette fin à cette mesure unilatérale. Je comprends cette ambition de quitter Gaza», a-t-il lancé. Cependant, il croyait que sa démission allait provoquer une hémorragie au sein de cabinet d'Ariel Sharon. Le ministre démissionnaire s'attendait à ce que quatre autres ministres du parti Likoud du Premier ministre Ariel Sharon, opposés eux aussi au retrait, le suivent et remettent leurs démissions. Ce qui ne s'est pas passé. Ce coup de théâtre n'a en tous cas pas empêché le gouvernement israélien de donner dimanche son feu vert à l'évacuation d'un premier groupe de colonies de la bande de Gaza. Le gouvernement, réuni en séance hebdomadaire, a approuvé par 17 voix contre 5 la première phase du retrait. Cette étape concerne les implantations de Netzarim, Kfar Darom et Morag, toutes trois isolées dans la bande de Gaza. Cette procédure est conforme à la décision de principe du cabinet de juin 2004 exigeant quatre votes successifs pour l'évacuation effective des quelque 8.000 colons installés dans les 21 implantations de la bande de Gaza et de centaines d'autres dans quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie. Le cabinet doit également donner son accord de principe à la construction d'un port à Gaza et à la remise en état de l'aéroport situé près de Rafah. Il doit en outre examiner les modalités de passage des biens et des personnes, entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.