A l'âge de 20 ans, sa passion du cheval allait le mettre sur la voie du septième art. Parfois devant la caméra, généralement derrière. Il est l'un de ces hommes qui travaillent dans les coulisses. Portrait. Natif de Marrakech en 1965, Saïd El Kounty a, depuis son plus jeune âge, été attiré par tout ce qui est hors du commun, tout ce qui pouvait susciter une montée d'adrénaline ; escalade, moto et autres activités similaires étaient ses passe-temps favoris. La découverte du cheval allait s'avérer une rencontre majeure dans sa vie. De promenade en randonnée, il allait définitivement se consacrer à sa nouvelle passion. Il intégra le centre équestre «La Roseraie», à Ouirgane dans les environs de Marrakech, où il fut engagé en tant que moniteur pour les stages d'été pour jeunes. «Le centre fut contacté la même année par une maison de production, pour la location de chevaux devant servir pour le tournage d'un épisode de James Bond, «The living daylight» - Tuer n'est pas jouer -. Ce fut ma chance et celle de mes camarades, car on décida de nous garder pour les besoins du film», indique Saïd El Kounty. Afin d'être à la hauteur de la prestation sollicitée, des cascadeurs furent dépêchés de France pour fournir des cours de perfectionnement à nos premiers cascadeurs nationaux. L'équipe de jeunes voltigeurs assura pleinement son rôle aux côtés du plus célèbre espion de la planète, interprété cette fois-ci par Timothy Dalton. 1987, Saïd et son équipe repartent pour un tour, sur les plateaux de «Le secret du Sahara», aux côtés de Ben Kingsley qui avait interprété «Ghandi», ainsi que Michael York et la gracieuse Andy McDowell. «Entre deux tournages, nous rentrions au bercail, à Ouirgane, où nous reprenions nos entraînements, histoire de se perfectionner davantage », souligne Kounti. Sur invitation de SAR la princesse Lalla Amina, les jeunes cascadeurs se rendirent à Dar Essalam pour livrer l'une de leurs plus belles prestations, en présence de SM le Roi Mohammed VI, à l'époque prince héritier, ainsi que LLAARR Lalla Aïcha et Lalla Fatima-Zohra. Par la suite, ils signeront le premier spectacle de voltige dans l'Histoire du pays, c'était en 1988 au restaurant Chez Ali à Marrakech. Un show auquel assistait le secrétaire d'Etat américain de l'époque, Henri Kissinger. L'écho de la jeune équipe franchit les frontières et la Fédération internationale de dressage classique finit par reconnaître le centre comme la 6e académie d'Art équestre. Notre ami retrouvera les plateaux lors du tournage de «Le vent de la Toussaint» de Gilbert Behat, premier film où il participera sans son cheval et occupera le poste de 3e assistant à la réalisation. Vint ensuite « The march on Europe», une production de la BBC signée David Weathley où Saïd était assistant du directeur du casting. «La guerre du golfe survint alors et c'était un coup dur pour notre activité, il n'y avait plus de tourisme, plus d'activité... fini le spectacle. La Roseraie fit faillite et ce fut la fin de notre jeune équipe qui s'est dispersée un peu partout», indique El Kountiyaujourd'hui, sur un ton nostalgique. «Je suis l'un des rares à être resté au Maroc. J'ai contacté les gens que j'avais connus lors des tournages, ils m'ont donné ma chance et j'ai mordu dedans à plein dents». Fini le cheval, il se lança dans de nouveaux métiers. Assistant au casting ou à la réalisation, il accumulera les clips et les spots publicitaires. Il passera ensuite à la vitesse supérieure avec «Marie de Nazareth» de Jean Delanoe, où il fit ses premiers pas dans la régie, ensuite «Arthur Rimbaud», «Hideous Kinky » (Marrakech express) avec Kate Winslet où il était accessoiriste, «Time to love» et nombreuses autres productions. L'expérience accumulée au fil des années finira par lui décrocher le poste d'accessoiriste et de responsable des véhicules d'actions dans la méga-production «The spy game» de Tony Scott, avec Brad Pitt et Robert Redford. Il sera assistant décorateur dans «Jesus vidéo», tourné récemment à Casablanca, avec Nike, la fille d'Ornella Mutti, en plus de « Aller simple» et «Frontières», un film qui traite de l'immigration subsaharienne vers l'Europe et où il décrochera un rôle. Cependant, ce métier reste aléatoire et dépend toujours des intérêts des producteurs. «Certes, c'est un métier où on gagne bien sa vie, mais c'est une activité qui dépend de plusieurs facteurs, d'où sa difficulté notoire. On peut travailler pendant deux mois et chômer le restant de l'année», avait conclut Saïd El Kounty à la fin de l'entretien.