Plus de trente soldats américains ont été blessés hier dans une attaque à la voiture piégée près de Mossoul dans le Nord de l'Irak, alors que le gouvernement japonais a pris officiellement la décision, controversée, d'envoyer des troupes dans ce pays. La coalition en Irak a décidé, huit mois après la chute de Saddam Hussein, de mettre en place un service de renseignements pour lutter contre la guérilla, responsable de la mort de près de 200 soldats américains depuis le 1er mai. Trente et un soldats américains ont été blessés dans l'explosion d'une voiture piégée devant une base américaine à Tall Afar : «il y a 31 soldats blessés dans une unité de la troisième brigade de la 101ème division aéroportée», a dit le commandement américain en précisant qu' «un véhicule s'est approché de la base. Il ne s'est pas arrêté au point de contrôle. Les soldats chargés de la sécurité ont réagi. Le véhicule s'est arrêté avant d'atteindre la base et a explosé». Tall Afar est une zone principalement habitée par des Turcomans chiites qui n'a pas connu de troubles depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Un soldat a aussi été tué lundi par des coups de feu tirés depuis une voiture alors qu'il se trouvait près d'une station-service à Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, a annoncé le général américain Mark Kimmitt. Il s'agit du 193e militaire américain tué dans des attaques en Irak depuis la fin annoncée des opérations majeures de combat, le 1er mai, selon un calcul basé sur des chiffres du Pentagone. La guérilla antiaméricaine, dont les membres mènent le même type d'opérations, est très divisée entre partisans et adversaires de Saddam Hussein. Au cours d'une longue enquête menée récemment, les personnes rencontrées ont expliqué que les combattants se divisent en trois courants : le premier composé des pro-Saddam, le deuxième des islamistes et le troisième de nationalistes qui rassemblent des baâssistes anti-Saddam, des militaires, des nassériens et d'autres partisans de l'idéologie panarabe. Saddam Hussein est toujours dans le pays et dirige lui-même des opérations. Pour faire face à cette guérilla aux facettes multiples, l'Irak a besoin d'un service de renseignements, même si un tel service (les «moukhabarat» de Saddam Hussein) avait laissé dans le passé de mauvais souvenirs au peuple irakien, a affirmé dimanche un porte-parole de la coalition américano-britannique. Cette décision risque de relancer la polémique sur la composition des nouvelles forces de sécurité irakiennes. D'un côté, les mouvements chiites, durement réprimés sous l'ancien régime, ont protesté contre l'idée d'embaucher d'anciens agents irakiens pour reprendre du service, affirmant qu'il s'agissait là d'une «ligne rouge». De l'autre, les sunnites s'opposent fermement à la formation de milices composées d'éléments armés des partis et des organisations chiites ou kurdes, avertissant d'un danger de guerre civile. Dimanche, le général Ricardo Sanchez, commandant des forces américaines en Irak, avait averti que la violence devrait s'accroître en Irak dans les mois qui viennent. Face à cette situation, 51 techniciens et ingénieurs électriciens sud-coréens ont quitté l'Irak hier après la mort de deux de leurs collègues dans une attaque le 30 novembre dernier sur la route de Tikrit, au nord de Bagdad. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement nippon de prendre officiellement hier la décision d'envoyer des troupes non combattantes en Irak. Selon la presse japonaise, autour de 600 hommes de l'armée de terre, chargés d'une assistance humanitaire,seront envoyés dans le Sud-Est de l'Irak, probablement à partir de février. C'est la première fois que le Japon envoie des troupes dans un pays en guerre. Sur le terrain, des soldats américains ont contracté une maladie de peau, la «leishmaniose», transmise par des moustiques du désert, a-t-on appris auprès du centre médical de l'armée Walter Reed à Washington. L'hôpital militaire américain a déjà accueilli une centaine de soldats affectés, et «beaucoup d'autres sont en route», a précisé un porte-parole. Leur nombre total n'était pas encore disponible auprès du Pentagone. La «leishmaniose» cutanée, aussi appelée «ulcère d'Alep», est une grave maladie de la peau, qui peut être défigurante. Cette pathologie, provoquée par un parasite transmis par des piqûres d'un moustique, le «phlébotome», peut entraîner des lésions du visage et une incapacité à long terme.