Mustapha Sahel a remis les pendules à l'heure. Le discours nihilisto-insipide de Chami est inacceptable, c'est la CGEM qui trinque. Pierre Desplages raconte une anecdote qu'il affirme authentique, succulente. Le jour de la mort d'André Gide, le rédacteur en chef de France Soir, charge un journaliste de faire le papier. L'heure du bouclage, il vient réclamer le travail, le journaliste, d'habitude chargé des faits divers, lui répond qu'il n'y a pas de papier parce que le Prix Nobel est décédé de mort naturelle. Nous en sommes un peu à ce point. Un ministre de l'Intérieur qui flingue le patron des patrons, c'est plus que saignant. Pourtant cela n'a pas suscité de commentaires chez les confrères. Mostapha Sahel a été didactique, d'une clarté absolue. D'abord, il a rappelé le passé de Hassan Chami. Celui-ci a été ministre avec Oufkir il faisait partie d'un quarteron de cadres proches de l'USFP, ralliés au régime en pleine période de répression. Deux d'entre eux finiront en prison pour corruption. Bon polémiste le ministre ! Il va plus loin et donne une leçon constitutionnelle. Il n'y a pas de pieuvre cachée, c'est une vue d'esprit. Pour finir, il ramène la CGEM à son poids réel. « 90% d'entrepreneurs, ceux qui travaillent dans la transparence ne sont pas représentés à la CGEM ». Magistrale la gifle ! La raison de l'ire de Mostapha Sahel ? L'interview de M. Chami dont la thèse est que le problème est un problème de gouvernance, parce que l'«on» ne laisse pas Jettou travailler. L'interprétation rapide, la plus courante, a considéré que Hassan Chami défend Driss Jettou contre «Le Makhzen». Or, le Premier ministre se défend contre toute ingérence dans ses prérogatives. Dans son entourage, on assure que s'il y a quelqu'un qui le déçoit fortement…. c'est bien Hassan Chami. Le patronat n'a pas joué le jeu et continue à se chercher des excuses. La réponse de Mostapha Sahel est une réponse officielle à la CGEM et elle est sans équivoque. Le ministre de l'Intérieur n'est pas homme à réagir sur une humeur. Son message dépasse Hassan Chami pour s'adresser à toute la bourgeoisie suicidaire. Celle-ci n'a pas été le partenaire attendu. Elle a refusé, sur le terrain, d'accompagner l'élan réformateur par une prise de risque conséquente. Elle continue à revendiquer sans rien donner. Elle n'est pas seulement poltronne, elle est aussi nocive. Car, elle distille le discours nihiliste pour justifier son immobilisme. En disant que le patronat qui travaille est en dehors de la CGEM, Sahel a remis en cause la stature de cette organisation. La balle est dans son camp, elle devra trouver un président plus politique et plus représentatif du nouveau patronat. Sinon c'est la fin de la CGEM. Depuis que Hassan II a reçu Lahjouji et en a fait un partenaire, le patronat n'a pas tenu un seul de ses engagements. L'Etat ne veut plus de ce «partenaire» et l'a fait savoir !