La réduction des risques du tabac est constamment au centre du débat. Dans ce sens, le Forum mondial sur le tabac et la nicotine (GTNF) a récemment organisé la 11ème conférence internationale virtuelle intitulée «In Focus: Tobacco Harm Reduction». Lors de cet événement, plusieurs experts de la santé publique et professionnels de l'industrie du tabac ont mis en lumière différentes conclusions et recherches scientifiques relatives aux méfaits du tabac et à l'addiction tabagique. Aller vers l'innovation «De telles études scientifiques permettent d'apporter des données neutres et vérifiables à même d'inciter l'industrie du tabac à se tourner vers des solutions innovantes pour permettre de lutter encore plus efficacement contre la dépendance au tabac», commente Patricia Kovacevic, juriste internationale et directrice du site web RegulationStrategy.com. De leur côté, les participants ont été unanimes pour souligner l'importance pour les centres de toxicologie de se pencher davantage sur l'élaboration d'études scientifiques qui seraient plus globales, plus fiables, plus multidisciplinaires et plus précises, mais aussi de commencer à «réfléchir à l'instauration d'un cadre réglementaire qui émanerait de preuves scientifiques et qui ne serait pas basé sur des spéculations fausses et hasardeuses». En outre, la conférence a été l'occasion de revenir sur les alternatives proposées par les industriels et qui permettraient de substituer le tabac par des produits alternatifs moins nocifs (à l'instar des produits à base de tabac chauffé, des produits de vapotage, des produits sans fumée, ou encore des MOP,…). «e-cigarette» comme alternative fiable A ce propos, David Abrams, professeur au département des sciences sociales et comportementales de l'Université de New York, évoque l'importance d'une étude qui avait été organisée entre 2011 et 2019 auprès de 1.297.362 adolescents américains, et qui avait permis de démontrer qu'une large frange de cette population avait commencé à abandonner la cigarette classique au profit de la cigarette électronique. Selon M. Abrams, une telle étude «apporte la preuve tangible que la «e-cigarette» est capable de représenter une alternative fiable face à la dépendance tabagique». A son tour, Maria Gogova, vice-présidente de l'Altria Client Services, n'a pas manqué d'avancer plusieurs arguments qui corroborent cette vision. Pour elle, «la généralisation et la disponibilité de produits incombustibles pouvant remplacer la cigarette classique devraient s'accentuer davantage». Quant à Mark Kehaya, président du AMV Holdings, il rappelle que la majorité des études scientifiques confirmait la théorie selon laquelle «la nicotine synthétique (cigarettes électroniques à cartouches notamment) pouvait inciter à l'arrêt du tabagisme auprès d'une large catégorie de fumeurs». Pas de lien entre la «e-cigarette» et les maladies chroniques Pour sa part, Riccardo Polosa, professeur de médecine interne à l'Université de Catane en Italie et fondateur du Centre d'excellence pour l'accélération de la réduction des risques (COEHAR), estime qu'il ne pouvait y avoir de lien direct entre l'utilisation de la cigarette électronique et certaines maladies pulmonaires obstructives chroniques telles que l'asthme. «Les études réalisées dans ce sens se basent sur une utilisation intermittente de la cigarette électronique, ce qui n'est guère suffisant pour pouvoir déterminer, de manière fiable, s'il existe réellement un effet soi-disant nuisible de la cigarette électronique, d'autant plus que de telles études ne mentionnent, à aucun moment, les antécédents tabagiques des personnes interrogées», rappelle M. Polosa.