Plusieurs études de scientifiques en France, et au Royaume-Uni ont montré que les fumeurs étaient moins susceptibles d'être infectés par le SRAS-Cov2 que les non-fumeurs. Qu'en est-il réellement ? L'interaction entre la nicotine, le tabagisme et le Covid-19 a été au cœur des débats de la 7ème édition du Forum mondial sur la nicotine (GFN), tenue les 11 et 12 juin. De nombreux scientifiques et experts en santé publique et en politiques de lutte contre le tabagisme des quatre coins du monde ont été au rendez vous. « Des études montrent que les fumeurs sont sous-représentés parmi les patients atteints de Covid-19, en particulier dans les hôpitaux », a déclaré Konstantinos Farsalinos, cardiologue grec et chercheur au centre de chirurgie cardiaque Onassis à Athènes. Selon lui, «la nicotine est le candidat le plus crédible pour ces effets liés au tabagisme et qu'il est possible que la nicotine, et non la fumée, soit responsable de la moindre sensibilité des fumeurs à l'infection par Covid-19 et à l'hospitalisation». Et d'ajouter, «En cela, nous pensons que les effets bénéfiques de la nicotine vont être masqués par les effets néfastes du tabagisme». Pour Riccardo Polosa, professeur de médecine interne à l'Université de Catane et directeur du Centre de prévention et de traitement du tabagisme à l'hôpital universitaire, «Etant donné que les systèmes de distribution de nicotine sans combustion sont beaucoup moins toxiques que les cigarettes combustibles, la vaporisation et l'utilisation de produits sans fumée sont très peu susceptibles d'être un facteur de risque pour l'infection et la maladie Covid-19». Produits alternatifs Dans son communiqué officiel, le GNF 2020 rappelle que «le tabagisme est la première cause de maladies non transmissibles. Il est ainsi directement responsable de 7,1 millions de décès prématurés en 2017, 1,2 million de décès supplémentaires étant imputables à la fumée secondaire ». A cet effet, les experts participants à ce forum réaffirment la nécessité des 1,1 milliards fumeurs adultes dans le monde d'avoir accès à des produits alternatifs à base de nicotine, tels que la cigarette électronique, le snus et les produits du tabac chauffés. Il s'agit d'une approche appelée « réduction des risques » pour ceux qui ne peuvent pas renoncer à la cigarette. Gerry Stimson, directeur de la conférence du GFN et professeur émérite à l'Imperial College de Londres a déclaré que « la réduction des risques liés au tabac est une bonne pratique de santé publique. La réduction des dommages causés par le tabac n'est pas contraire à la lutte antitabac ; elle devrait en faire partie». Manque d'action Actuellement, les obstacles à l'adoption généralisée de la réduction des risques liés au tabac dans les politiques de santé publique créent des divisions là où il ne devrait pas y en avoir. Pour cela la communauté mondiale de la santé publique doit faire preuve de plus d'ambition quant à ce qui peut être fait, ainsi que d'une bonne dose de compassion pour les personnes qui vivent avec les conséquences de l'inaction, dont environ sept millions qui meurent annuellement. Au Maroc près de 18% de la population adulte sont des fumeurs, selon les données du ministère de la santé pour l'année 2017. Ces personnes ont le droit d'accéder à des alternatifs scientifiquement prouvés moins nocifs. Pour rappel lors de la loi de finance 2020, une taxation des liquides des e-cigarettes a été adopté. Un pas important de la structuration de ce marché de produits alternatifs qui ne peut être que bénéfique pour la santé publique au Maroc.