Même si les voix appelant à la fermeture de la prison de Guantanamo ne cessent de s'amplifier, les Etats-Unis ne l'entendent pas de cette oreille. Depuis que des informations concernant des abus sur les prisonniers de Guantanamo et la profanation du Coran au sien de cette prison ont éclaté au grand jour, des voix de plus en plus nombreuses se sont élevées pour la fermeture de cette prison. Émanant d'organisations non gouvernementales, d'hommes politiques et de journalistes, ces appels n'ont cessé d'augmenter. L'ancien président américain, Jimmy Carter, a affirmé lors d'une conférence sur les droits de l'Homme que la fermeture de cette prison démontrerait l'engagement des Etats-Unis envers les droits de l'Homme à un moment où la réputation de Washington souffre en raison des informations concernant les abus sur les prisonniers. Un appel qui fut partagé par un autre ancien président américain. Il s'agit de Bill Clinton. Ce dernier a estimé que la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, devrait être fermée ou remise en ordre. Affichant son souci de l'image des Etats-Unis, Bill Clinton a déclaré qu'il ne faut plus qu'il y ait d'histoires faisant état d'abus commis contre des gens là-bas, dans un entretien accordé au «Financial Times». «Les tortures perpétrées à Guantanamo et dans les autres prisons américaines aux prises avec le terrorisme sont hors de contrôle. Quelqu'un peut-il m'expliquer la mort de cent détenus dans des prisons américaines ? Vous voulez me faire croire qu'ils ont été victimes d'un infarctus ?» s'est récemment indigné l'éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman. Dans un éditorial intitulé «Guantanamo, no !», il écrit : «Pourquoi je m'inquiète ? Ce n'est pas parce que j'ai des doutes sur la guerre contre le terrorisme. C'est parce que je veux que l'Amérique la gagne. Or, il est évident que les bavures qui ont lieu à Guantanamo et dans des Centres de détention militaires dépassent les bornes. Comment se fait-il que plus de cent prisonniers placés sous la responsabilité des autorités américaines soient morts ces derniers temps ? Ont-ils tous été victimes d'une crise cardiaque ? Ce n'est pas seulement immoral, c'est stratégiquement dangereux». Dans le rapport 2005 d'Amnesty International, Irene Khan, la secrétaire générale de l'organisation humanitaire, affirme en effet : «Le Centre de détention de Guantánamo, où la pratique de détention arbitraire et illimitée s'est pérennisée au mépris du droit international, est devenu le goulag de notre époque». L'organisation a rappelé que le fait que des milliers de personnes ont été arrêtées dans le cadre d'opérations militaires et de sécurité menées en Irak et en Afghanistan, et systématiquement privées de tout contact avec un avocat et avec leur famille. Selon Amnesty, des documents ont révélé que le gouvernement américain avait approuvé des techniques d'interrogatoire s'inscrivant en violation de la Convention des Nations unies contre la torture. Plusieurs audiences préliminaires se sont ouvertes devant des commissions militaires à Guantanamo, mais elles ont été suspendues dans l'attente de la décision d'un tribunal américain. Devant cette intensification des critiques contre la prison de Guantanamo et pour donner une image plus saine à ladite prison, un nombre de représentants républicains et démocrates ont rendu visite à cette prison. Après une courte visite, la délégation a estimé qu'il y a eu une amélioration des conditions de détention. Les élus américains ont assisté à des interrogatoires, passé en revue des blocs de cellules et même goûté le déjeuner servi aux détenus. «Le Guantanamo que nous avons découvert aujourd'hui n'est pas le Guantanamo dont nous avions entendu parler ces dernières années», a conclu la Démocrate Ellen Tauscher. Ceci laisse croire que l'Amérique et loin d'abandonner sa prison de honte. Une prison où les droits de l'Homme sont bafoués et où la torture sert d'outil indispensable pour les interrogatoires.