L'ancien président de la commune d'Aïn Sebaâ l'istiqlalien Abderrazak Afilal accuse le ministre de la Justice de "couvrir" les siens dans le scandale du projet Hassan II. Le torchon brûle entre Me Abdelkabir Tabih, avocat au barreau de Casablanca et député USFP et Abderrazak Afilal, ancien président de la commune d'Aïn Sebaâ et député istiqlalien. A l'origine de ce conflit qui ne tardera pas à atteindre les tribunaux, l'enquête concernant le projet Hassan II de construction de logements sociaux et de recasement des bidonvillois. Contacté par ALM, Abderrazak Afilal a rappelé que son successeur à la tête de la commune, à l'issue des élections de 1992, a entrepris en complicité avec l'ancien gouverneur d'Aïn Sebaâ, Abdelaziz Laâfora "la destruction de tout ce qui a été réalisé dans le cadre du projet Hassan II". Et d'ajouter que les tentatives consistant à le "mouiller" personnellement dans cette affaire est "le fruit du conflit entre l'USFP et l'Istiqlal". "C'est la raison pour laquelle je viens de réaliser que le ministère de la Justice ne doit pas être géré par un ministre partisan, car celui-ci a tendance à protéger les siens", ajoute Abderrazak Afilal. L'ancien président de la commune d'Aïn Sebaâ parle ici de Me Abdelkabir Tabih qui aurait, toujours selon lui, "rédigé la convention qui lie la commune à la société COGEBA et supervisé les ventes aux bénéficiaires". A ces accusations, Me Tabih répond : "Abderrzak Afilal n'a en fait jamais réalisé quoi que ce soit dans le projet Hassan II, et je suis intervenu dans toute cette affaire pour défendre les droits des bidonvillois contre Abderrazak Afilal". Justement, poursuit Me Tabih dans un entretien accordé à ALM, "dès son arrivée à la tête de la commune de Aïn Sebaâ, Lahcen Haïrouf m'a mandaté par écrit pour résilier tous les contrats conclus par la commune du temps de Abderrazak Afilal avec la société de Boujamaâ El Yousfi, des architectes et des bureaux d'études". En outre, Me Abdelkabir Tabih avait "été chargé de récupérer tout l'argent qui a été débloqué par la commune à ces gens-là". "Et les sommes sont faramineuses", assure-il. "Jamais je n'ai rédigé de contrats pour des appartements car il n'en existait pas et jamais je n'ai touché un centime en guise d'honoraires", précise Me Tabih. "Il est vrai qu'on me reproche de n'avoir rien construit sur les 19 hectares réservés à ce projet-pilote de logements sociaux et de recasement des bidonvillois", explique Abderrazak Afilal. "Mais ce que j'ai dit au juge d'instruction lorsque je l'ai rencontré vers la fin du mois de mai, poursuit-il, c'est que les traces de toutes les réalisations existent bel et bien à Rabat au niveau du ministère de l'Intérieur". En tout cas, cette affaire qui est en cours d'instruction, depuis deux mois environ, de manière isolée de celle du couple Slimani-Laâfora, risque d'éclabousser plusieurs personnes. En attendant, Me Tabih promet de poursuivre en justice Abderrazak Afilal pour diffamation, de même que le directeur d'un quotidien arabophone de la place dont "le directeur a des comptes personnels à régler" avec Me Tabih. A cela, Abderrazak Afilal rétorque : "j'ai en ma possession toutes les preuves nécessaires à ma défense". Affaire à suivre.