«la gestion durable du littoral est l'un des piliers du développement territorial du Maroc. Dans le même temps, il faut impérativement identifier les sources potentielles de création d'emplois et de revenus encore inexploitées, surtout dans le contexte post-Covid». Etendu sur 1.800 kilomètres, le littoral marocain a depuis toujours constitué une source de richesse pour le pays. Il concentre une grande partie des activités et garantit un revenu pour des milliers de ménages. Pour en assurer la durabilité, le Maroc s'est focalisé depuis quelques années déjà sur des stratégies nationales au profit d'un développement résilient et inclusif qui se sont matérialisées par exemple à travers le Plan national de gestion intégrée du littoral (PNL). Ce plan a pour objectif de concilier protection de l'environnement et activités économiques. C'est dans ce sens que la Banque mondiale a depuis 2019 apporté son soutien avec le gouvernement italien au déploiement de cette stratégie à l'échelle régionale. Cette initiative s'est traduite par une assistance analytique et technique en appui à l'élaboration d'un schéma régional du littoral dans la région Rabat-Salé-Kénitra. «Ce dispositif porte une vision régionale dans le but de promouvoir le développement durable des côtes et couvre un certain nombre d'activités, de secteurs et de modes d'utilisation du territoire (gestion des ressources naturelles, ports, tourisme, urbanisme, pêche...)», explique la Banque mondiale. Concilier durabilité et progrès économique Pour Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, «la gestion durable du littoral est l'un des piliers du développement territorial du Maroc. Dans le même temps, il faut impérativement identifier les sources potentielles de création d'emplois et de revenus encore inexploitées, surtout dans le contexte post-Covid, afin d'enrichir les stratégies de promotion d'activités économiques durables le long des côtes». Dans ce sens, sa mise en œuvre est accompagnée par des mesures stratégiques, englobant des investissements, la réhabilitation des côtes ainsi que la protection et l'utilisation durable des ressources. Afin de concevoir le schéma régional et déterminer ses objectifs, la Banque mondiale travaille en se basant sur de vastes consultations avec les différentes parties prenantes de la mise en valeur du littoral (des pêcheurs, des associations professionnelles, des organisations de la société civile, des scientifiques et des agriculteurs) et ce en collaboration avec le gouvernement et les autorités régionales du Maroc. Parallèlement, les documents inhérents à l'utilisation et à l'aménagement du territoire ont été examinés dans l'objectif d'identifier les zones de la région les plus exposées à la pollution et au changement climatique le long du littoral et dans l'arrière-pays proche. Potentiels Ayant pris fin en janvier 2020, la phase de diagnostic de ce projet a abouti à plusieurs constats. Il en ressort que la concentration croissante d'habitants le long du littoral (les deux tiers de la population régionale) et les activités connexes qui en découlent menacent l'écosystème côtier et appellent des mesures urgentes pour atténuer l'empreinte de l'homme et renforcer la résilience des côtes, indique la même source. Il s'avère aussi que plusieurs sources potentielles de développement, en particulier dans le tourisme vert, restent inexploitées. «Forte de ces observations et des remontées d'information des différentes parties prenantes, l'équipe de la Banque mondiale a défini une feuille de route jusqu'en 2040 pour atteindre les objectifs de long terme de mise en valeur du littoral régional», relève-t-on. Investissements prévus Afin de renforcer les initiatives émises, il est envisagé notamment l'introduction d'un modèle de gouvernance intégrée des côtes, conforme aux stratégies nationales, ainsi que la préservation et la réhabilitation des écosystèmes par des investissements majeurs. Pour y parvenir, on notera que des mesures complémentaires seront introduites, pour mieux sensibiliser les différents acteurs à la menace environnementale ou pour intégrer des mesures de sauvegarde dans les plans d'urbanisme afin de prévenir la dégradation des côtes, précise la Banque mondiale ajoutant que des investissements initiaux prioritaires sont également prévus pour promouvoir des activités vertes et durables le long du littoral au titre du schéma pour la région Rabat-Salé-Kénitra. «Ces investissements couvriront un large éventail d'activités, dont l'organisation de la pêche artisanale et la formation des pêcheurs aux meilleures pratiques, la réhabilitation écologique des zones humides côtières, la construction d'usines de traitement des eaux usées dans certaines localités, la stabilisation biologique des dunes ou encore le recyclage et la valorisation des déchets en plastique», souligne la même source.