Affirmant que tout échange économique passe par un climat politique sain, Mohamed Abied, secrétaire général de l'Union Constitutionnelle, souligne qu'en adoptant le discours du renforcement du partenariat économique, l'Algérie cherche une issue à une crise dont elle est responsable. ALM : Que pensez-vous des thèses plaidant pour une relance de la coopération économique maroco-algérienne, en faisant abstraction du différend politique opposant les deux pays concernant le Sahara marocain? Mohamed Abied : Ce qui importe avant tout, c'est que les deux pays puissent instaurer des règles durables et un climat favorable au bon voisinage. Cela passe d'abord par la résolution de leurs différends politiques. Malheureusement, ce n'est pas avec le double discours où excelle le président algérien Bouteflika que les deux pays atteindront la sérénité et la bonne volonté nécessaires à l'amélioration du climat politique, et partant, au développement de la coopération et partenariat économiques entre nous et nos voisins. A votre avis, que cherche l'Algérie derrière ses appels à une relance économique du partenariat avec le Maroc ? La question du Sahara dérange les responsables algériens beaucoup plus que les Marocains, dans la mesure où ce sont les autorités algériennes qui se sont engagées vis-à-vis d'une entité qu'elles ont par ailleurs fabriquée de toutes pièces. Par ses discours, favorisant une relance du partenariat économique, qui contournerait le volet politique, l'Algérie ne cherche qu'une sortie de façade d'une crise dont elle est l'un des principaux acteurs. Un calcul qui ignore une vérité essentielle : les Marocains ne feront rien au détriment de leur Sahara. Ce que l'Algérie ne prend pas en ligne de compte, c'est qu'une solution politique au conflit du Sahara, dans le cadre de la souveraineté marocaine sur nos provinces du Sud, est la seule solution envisageable et en dehors de laquelle aucune fausse issue ne peut être trouvée. A ce principe fondamental et irréversible, l'Algérie oppose une mauvaise foi qui se joue aussi bien des vérités historiques, que le pouvoir algérien connaît très bien, que de la réalité sur le terrain. Celle que nous sommes dans notre pays et que c'est notre patrie que nous défendons. Face à cela, nous avons affaire à des ambitions personnelles du chef de l'Etat algérien et d'une poignée de mercenaires. Quels sont les préalables à toute entente sur le plan économique? Parler d'ouverture économique et de coopération, c'est d'abord se baser sur un climat politique favorable et sain. C'est la première chose à laquelle un investisseur fait attention. Des déclarations, comme celles tenues par Boureflika récemment, ne font qu'attiser une tension déjà bien ancrée et décourager plus d'un. Par les formes de chantages exercées et auxquelles le Maroc ne cédera jamais, ils ne font que pousser deux peuples frères, qui ont tout pour travailler ensemble, à s'éloigner davantage. Et ce n'est pas ainsi que le partenariat sera renforcé. Pourtant, un début d'espoir commençait à naître après la visite de SM le Roi en Algérie… Nous y avons tous cru un certain moment. La visite de SM Mohammed VI en Algérie, et sa rencontre avec le président algérien nous avait projetées dans une perspective faite de dégel et d'apaisement dans les relations entre les deux pays. Mais voici que Bouteflika, par ses dernières sorties, barre la route à toute possibilité d'avancer. Ce qui est sûr, c'est que le pouvoir algérien rêve s'il croit que notre position sur le Sahara marocain va changer. Nous sommes dans une logique de défense de notre intégrité territoriale. Le pouvoir algérien, lui, que défend-il ? Lui qui continue à pomper dans les ressources du peuple algérien pour financer à coup de pétrodollards une bande de mercenaires. Il y a encore 20 ans, les Algériens pouvaient comprendre la position de leurs dirigeants. Maintenant, à l'ère de la mondialisation et des grands regroupements, qu' est ce qu'il y a à comprendre ? Il n'y p plus d'intérêt à continuer de défendre l'indéfendable, à part celui de diviser le Maghreb arabe au lieu de militer pour son unification. Pensez-vous, dans ce sens que l'objectif de Bouteflika était de saper la réunion de Tripoli ? Si, par ses sorties médiatiques, Abdelaziz Bouteflika voulait saborder la réunion de Tripoli, il a réussi. Mais si son objectif était de déstabiliser le Maroc, il a échoué de manière éclatante. Parce que s'il compte sur le temps pour nous avoir à l'usure, il faudra peut-être qu'il sache, lui qui connaît bien le Maroc, que les Marocains sont fermement attachés à leurs provinces du Sud et que rien ne les détournera de cette conviction.