Amnesty international met en garde Londres contre l'extradition vers l'Algérie de ressortissants algériens acquittés dans l'affaire de la ricine. Amnesty International, basée à Londres, a mis en garde contre l'extradition vers l'Algérie des ressortissants algériens, blanchis par une Cour londonienne des accusations dans ce qui a été appelé le "complot à la ricine", rapporte lundi le quotidien britannique "The Guardian". Ces personnes risquent d'être torturées dans leur pays d'origine, indique la publication, citant un membre de la délégation d'AI qui vient d'effectuer une mission d'inspection en Algérie. Les conclusions de cette mission confirment les craintes formulées par les avocats des quatre ressortissants algériens, ajoute le journal. Ces personnes avaient été blanchies de toute implication dans un complot à la ricine sur le territoire britannique, tandis qu'un cinquième algérien, Kamel Bourgass, a été condamné à la prison à vie par un tribunal londonien. "Les personnes arrêtées par les services secrets militaires (en Algérie) sont très fréquemment soumises à la torture", ajoute le journal, citant M. Philip Luther, membre de la mission de l'Organisation internationale pour la défense des droits humains. Selon ce responsable, la mission a pu constater que les services secrets militaires algériens étaient "au-dessus de la loi". Les enquêtes sur les cas de torture infligée aux personnes extradées vers l'Algérie ont été entravées, a dit M. Luther, ajoutant que rares sont les avocats qui osent aborder ce type d'affaires. Il serait imprudent d'extrader les personnes acquittées en Grande-Bretagne en dépit des garanties diplomatiques offertes par le gouvernement algérien, ajoute le responsable d'Amnesty, tout en soulignant : "Nous ne pensons pas que ces garanties offrent une protection contre la torture". Après avoir souligné qu'Amnesty publiera prochainement un rapport détaillé sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, "The Guardian" rappelle que le gouvernement britannique avait refusé, la semaine dernière, de se prononcer sur une éventuelle extradition vers l'Algérie des ressortissants algériens concernés. Par ailleurs, Lady Williams, membre de la chambre des Lords britannique, a souligné que la Grande-Bretagne, en tant que signataire de la convention européenne des droits de l'Homme et de la Convention des Nations unies contre la torture, doit s'engager à ne pas extrader des personnes innocentes vers un pays ayant systématiquement recours à la torture contre ses citoyens. Le collectif des avocats des ressortissants algériens avait affirmé qu'il allait réagir à toute tentative du ministère britannique de l'Intérieur de recourir à une telle mesure, rappelant que les personnes mises en cause dans cette affaire avaient été injustement accusées et incarcérées depuis janvier 2003 et que les autorités devraient penser plutôt à les dédommager.