74% des financements engagés ont été mobilisés par les acteurs publics La Caisse de dépôt et de garantie (CDG) et l'Agence française de développement (AFD) dévoilent la version intermédiaire du premier panorama des financements climat au Maroc. Il s'agit d'une contribution qui renforce la transparence du pilotage des projets orientés climat au niveau national. Le but étant d'évaluer le niveau des investissements engagés et de mesurer les écarts existants dans ce sens. Cette cartographie des flux financiers et des dépenses d'investissements retrace en effet les financements de la source jusqu'à la destination, tout en identifiant les intermédiaires, les instruments et les porteurs de projets. Ces flux et dépenses ont été documentés à l'aide de données recueillies directement auprès des porteurs de projets. Les secteurs couverts par ce panorama sont en l'occurrence : l'énergie, le transport, l'agriculture, la gestion de l'eau, l'industrie et le bâtiment. Ce cadre analytique s'ajoute aux différentes actions engagées par le Maroc pour la promotion de la durabilité. «Avec l'organisation de la COP22 et la ratification de l'Accord de Paris sur le climat, le Maroc se positionne à la pointe des nations engagées dans la lutte contre le changement climatique», indique à cet effet Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG, lors d'un webinaire organisé à ce propos. En ce qui concerne le panorama de financement climat au Maroc, M. Zaghnoun a affirmé que cette première édition intermédiaire, réalisée par les équipes de la Caisse, fait ressortir des tendances en matière d'efforts financiers accomplis par notre pays pour se conformer à ses engagements climatiques. L'effort global reste en deçà du besoin Le panorama des financements climat au Maroc dresse l'état des flux financiers investis dans les projets climatiques d'adaptation et d'atténuation sur la période 2011-2018. A cet effet, l'investissement global réalisé entre 2011 et 2018 a franchi les 111,5 milliards de dirhams. L'essentiel des investissements a porté sur la production des énergies renouvelables, les infrastructures des transports en commun, l'agriculture et la gestion de l'eau. La production des énergies centralisées représente ainsi 38% des investissements engagés, contre 30% pour les transports et 20% pour les projets d'adaptation initiés essentiellement dans le secteur agricole. Sur ladite période, les différents acteurs publics du Maroc, dont la CDG, ont généré dans ce cadre des investissements publics annuels de l'ordre de 5,6 milliards de dirhams, soit 40% des investissements climat du pays. Le panorama relève par ailleurs que les pouvoirs publics interviennent en tant que co-financeur du secteur privé principalement dans l'énergie et de l'eau. Ainsi, 74% des financements climat engagés sur la période 2011-2018 ont été mobilisés directement ou indirectement par les acteurs publics. L'analyse note par ailleurs l'importance de la commande à mobiliser, drainer et canaliser les fonds d'investissements privés. Tenant compte de cet apport, la contribution du secteur privé atteint ainsi 60% des financements mobilisés. En dehors de la commande publique, cette contribution revient à 23%. Il est à noter que ces fonds sont particulièrement mobilisés par les sociétés de projets dans le cadre de partenariat public privé, notamment dans l'énergie, la gestion de l'eau et l'agriculture. Pour ce qui est des bailleurs de fonds internationaux, leur contribution est estimée à 6 milliards de dirhams par an, soit plus de 43% des financements. Les secteurs des énergies et du transport ont attiré plus de 90% de ces financements. Toutefois, du chemin reste à parcourir pour renforcer l'investissement climat au niveau national. La contribution déterminée au niveau national estime le besoin d'investissement sur la période 2016-2020 à 74 milliards DH, soit 60 milliards DH par an de plus qu'aujourd'hui. Intervenant dans ce sens, M. Zaghnoun a souligné que «l'effort global reste en deçà de ce qui est requis, puisque le Maroc doit investir en moyenne 74 milliards DH par an, contre seulement 14 milliards actuellement». Et de préciser : «Nous sommes tous appelés à nous mobiliser pleinement pour combler ce gap». L'AFD apporte son expertise La CDG s'est appuyée sur l'expertise de l'AFD pour mener à bien ce projet dont les conclusions définitives seront présentées en mars 2021. Ce rapprochement, selon l'Agence française de développement, souligne le rôle déterminant des acteurs publics dont celui des banques publiques de développement pour mobiliser le secteur privé au service de la transition verte. «Les résultats de ce travail témoignent de l'engagement du Royaume dans la lutte contre le dérèglement climatique que le Groupe AFD est fier de soutenir, notamment dans le cadre de coopérations avec le Groupe CDG», affirme Rémy Rioux, directeur général de l'AFD. Notons qu'une dynamique collective sera enclenchée durant le Sommet finance en commun prévu les 11 et 12 novembre, dans le cadre du Forum de Paris sur la paix. Cet événement rassemblera 450 banques publiques de développement au niveau national embarquant ainsi les acteurs publics ou privés vers des investissements alignés sur l'Accord de Paris et les Objectifs de développement durable.