Tout Palestinien tirant des obus de mortier sera désormais automatiquement désigné comme une cible potentielle par l'armée israélienne. Ainsi en ont décidé jeudi les responsables israéliens de la Défense. La réaction israélienne vient en riposte aux pilonnages opérés depuis deux jours par des militants radicaux palestiniens. Cette décision, qui devait être présentée au Premier ministre Ariel Sharon dans la journée, marque une nouvelle érosion de la fragile trêve israélo-palestinienne observée depuis le 8 février. Elle a été prise au cours d'une réunion entre le ministre israélien de la Défense Shaul Mofaz, le chef des armées et le numéro un du service de sécurité intérieure, le Shin Bet. L'Etat hébreu avait repris mercredi ses attaques ciblées par hélicoptère, tuant un membre du Hamas par un tir de missile sur des militants palestiniens. Il s'agissait de la première frappe de ce type depuis la trêve du 8 février. Jeudi, des Palestiniens ont tiré trois obus de mortier supplémentaires et une roquette sur des colonies juives à Gaza et sur des localités israéliennes situées à proximité. Selon Shaul Mofaz, la police palestinienne ne respecte pas ses obligations pour empêcher les violences. De fait, a averti le vice-ministre israélien de la Défense Zeev Boim sur les ondes de la radio israélienne, "à partir de maintenant, nous devons répondre plus sévèrement, plus que nous l'avons fait jusqu'à présent". Zeev Boim a averti que la violence pourrait retarder le retrait prévu des colons de 21 implantations de Gaza et de quatre autres de Cisjordanie cet été. "Si le risque existe que les Palestiniens utilisent la terreur contre Israël pendant la période d'évacuation, alors je ne nous vois pas procéder à ce retrait", a-t-il expliqué. "D'abord, nous devrons nous occuper de la terreur, et seulement après procéder à l'évacuation", a-t-il souligné. Des dirigeants des deux camps se sont toutefois rencontrés pour tenter d'éviter une escalade de la violence. Le négociateur palestinien Saeb Erekat et Dov Weisglass, un collaborateur du Premier ministre israélien Ariel Sharon, ont ainsi tenté de ramener le calme. Les deux hommes ont évoqué les moyens de sauver la trêve, a expliqué un responsable palestinien, ajoutant que des discussions étaient en cours pour programmer un sommet entre Ariel Sharon et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Zeev Boim a observé que les violences interviennent dans le contexte des prochaines élections législatives palestiniennes. Le Hamas présente des candidats pour la première fois et devrait obtenir de bons scores face au Fatah, la formation de Mahmoud Abbas. "Nous ne sommes pas prêts à en payer le prix", a souligné M. Boim. "Nous souhaitons soutenir le calme et les efforts d'Abou Mazen (Mahmoud Abbas). Il n'a pas produit beaucoup de résultats, mais ses intentions sont bonnes", a noté le ministre, dont les propos reflètent les tractations pour préserver la trêve.