A l'heure où les affaires de pédophilie éclatent dans les différentes régions du Maroc, L'Observatoire national des droits de l'enfant (ONDE) réitère son engagement en faveur de l'enfance marocaine en établissant un focus sur les abus sexuels. Cette instance, présidée par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, lance une nouvelle dynamique nationale pour contrer l'exploitation sexuelle et la violence à l'égard des enfants. Une opération qui s'inscrit dans le cadre du programme d'action annuel de l'ONDE et la mise en œuvre du projet «Promotion des normes sociales protectrices de l'enfance» conduit en collaboration avec le ministère de la solidarité, du développement social, de l'égalité et de la famille et l'Unicef. «Nous avons besoin d'un changement radical et positif au niveau de la définition et du statut de l'enfant. Un saut qualitatif au niveau sociétal et institutionnel s'impose pour faire de l'enfant une ligne rouge et instituer le caractère sacré de la protection de l'enfance pour en faire une responsabilité partagée», souligne Lamia Bazir, directrice exécutive de l'ONDE. Et d'ajouter que «cette mouvance sociétale vise à briser les tabous qui nuisent à l'enfant et à rompre avec la culture du silence, de la peur, du camouflage, de l'ignorance de la loi et de l'indifférence face à la souffrance des enfants». Le plan d'action de l'Observatoire a été élaboré autour de cinq axes d'intervention. La première orientation porte sur l'appui des organisations de la société civile au niveau national et local. La deuxième action s'articule autour du renforcement du partenariat avec les CHU. A ces interventions s'ajoute l'organisation de sessions de formation au profit des enfants eux-mêmes et des acteurs institutionnels et associatifs ainsi que la création de commissions ad hoc régionales composées d'enfants parlementaires pour assurer le suivi-évaluation de la situation de l'enfance et l'émission de recommandations au niveau national. Un appui de plus d'1 million de dirhams au profit des ONG locales La première phase de cette dynamique a été marquée par la signature des conventions de partenariat avec 15 associations en provenance des différentes régions du Maroc, en l'occurrence Laâyoune, Zagora, Agadir, Marrakech, Casablanca, Salé, Rabat, Berkane, Chefchaouen et Tanger. A cet effet, l'ONDE s'engage à fournir à ce tissu associatif un appui technique et financier de près de 1 million de dirhams. Le but était de les aider à mener des programmes de sensibilisation ciblant les enfants et leurs familles pour ancrer la culture des droits de l'enfant et encourager la culture de prévention et de dénonciation. Ces actions de sensibilisation permettront, également, de renforcer la capacité de l'enfant à participer au processus de signalement, grâce à une meilleure connaissance de ses droits et des mécanismes de défense mis à sa disposition, ce qui lui permettra d'acquérir des aptitudes d'autoprotection. Outre les accords paraphés avec la société civile, des conventions de partenariat avec le Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Sina de Rabat et le CHU Ibn Rochd de Casablanca ont également été signées afin de renforcer la coopération dans l'expertise, l'accompagnement et la prise en charge médicale et psychologique des enfants victimes, avec la perspective d'étendre la collaboration à d'autres CHU du Royaume. Des sessions de formation dispensées pour les institutionnels et enfants En parallèle, l'ONDE a donné le coup d'envoi des sessions de formation étalées sur six jours, en vue d'ancrer le principe d'intérêt supérieur de l'enfant et de renforcer le droit de participation des enfants dans le dispositif de protection institutionnel. Cette formation, bénéficiant aux responsables institutionnels et associatifs, aux intervenants au niveau des conseils locaux, ainsi qu'aux enfants eux-mêmes, vise à inciter toutes les institutions, tels que l'école, les établissements de santé, les centres de protection, les tribunaux et la famille à prendre en compte la voix, les besoins, les souffrances et les propositions de l'enfant dans toute décision le concernant. Cette journée a également été l'occasion de lancer des commissions ad hoc régionales composées d'enfants parlementaires, chargées de la défense et du suivi des droits de l'enfant. A la demande des enfants parlementaires eux-mêmes, ces commissions ont été créées sous l'angle du principe de contrôle, de reddition et de suivi-évaluation des politiques publiques. Le premier modèle sera lancé à partir de Tanger pour suivre le dossier l'enfant Adnane en vue d'évaluer les dispositifs de protection de l'enfance et formuler des recommandations pour empêcher la reproduction de tels actes.