Maghrib, tenu ce mardi, a livré son diagnostic à la lumière de la crise sanitaire inédite. Un diagnostic qui est loin d'être rassurant. Il est vrai que la situation n'est pas cataclysmique, ce qui a poussé la banque centrale à maintenir son taux directeur inchangé à 1,5%, mais l'impact de la crise se fait tout de même sentir, et à plus d'un niveau. BAM nous apprend ainsi que l'économie devrait connaître une contraction plus prononcée en 2020, suivie d'un relatif rebond en 2021. «Il reste cependant entouré d'un degré exceptionnellement élevé d'incertitudes liées notamment à l'évolution de la pandémie et à ses conséquences aussi bien au niveau national qu'international», ajoute la même source. Comptes extérieurs La situation n'est guère rassurante pour les exportations de biens qui ont reculé, en glissement annuel, de 17% à fin juillet. Selon BAM, c'est le résultat du repli des ventes de 28,7% pour le secteur automobile et de 29,5% pour le textile. Les importations, elles, ont connu une baisse de 17,5%, reflétant essentiellement des régressions de 18,5% des acquisitions de biens d'équipement et de 24,8% des achats de produits finis de consommation, ainsi qu'un allégement de 31,6% de la facture énergétique. Quant aux recettes de voyage, leur reflux s'est accentué à 44,1% alors que celui des transferts des MRE s'est limité à 3,2%. Pour l'ensemble de l'année, les exportations ressortiraient, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, en chute de 16,6% avant d'augmenter de 22,4% en 2021, portées en particulier par la progression prévue des expéditions du secteur automobile. En parallèle, les importations de biens se contracteraient de 17,4% avant de s'accroître de 17% en 2021. Tourisme : Baisse drastique des recettes S'agissant des recettes de voyage, elles ressortiraient en forte diminution, passant de 78,8 milliards de dirhams en 2019 à 23,9 milliards en 2020 et rebondiraient à 49,1 milliards en 2021. Plus résilients à la crise, les transferts des MRE accuseraient une baisse limitée de 5%, à 61,5 milliards, avant de s'améliorer de 2,4%, à 63 milliards en 2021. Dans ces conditions, et tenant compte de rentrées de dons à hauteur de 7,2 milliards de dirhams en 2020 et de 2,6 milliards en 2021, le déficit du compte courant devrait se creuser à 6% du PIB en 2020, au lieu de 10,3% prévu en juin, et s'alléger à 5,2% du PIB en 2021. Concernant les entrées d'IDE, elles reculeraient de l'équivalent de 1,5% du PIB cette année, contre 2,9% du PIB en 2019, avant de revenir en 2021 au niveau moyen observé avant la crise. Ainsi, tenant compte de la mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs, l'encours des avoirs officiels de réserve avoisinerait 294,7 milliards de dirhams à fin 2020 et 289 milliards à fin 2021, soit une couverture autour de 6 mois et 20 jours d'importations de biens et services. Bonne tenue des crédits Concernant les conditions monétaires, l'encours du crédit bancaire au secteur non financier s'est accru, en glissement annuel, de 6% à fin juillet, en relation principalement avec l'augmentation importante des prêts de trésorerie accordés aux entreprises privées. Il devrait, tenant compte de l'évolution prévue de l'activité économique et de l'effet attendu du programme Intelaka ainsi que des différentes mesures de soutien et de relance, enregistrer une progression autour de 4% en 2020 et en 2021. Reflétant essentiellement la réduction de 25 points de base du taux directeur opéré en mars dernier, les taux débiteurs ont reculé de 29 points de base à 4,58% en moyenne au deuxième trimestre, baisse ayant profité aussi bien aux grandes entreprises qu'aux TPME. Ce repli devrait se poursuivre au regard de la réduction de 50 points de base du taux directeur opérée en juin et de la mise en place de dispositifs de garantie pour le financement de la relance à des conditions indexées sur ce taux. Finances publiques dans le rouge L'exécution budgétaire au terme des huit premiers mois de l'année fait ressortir un déficit de 46,5 milliards de dirhams, contre 35,2 milliards un an auparavant et ce, compte tenu du solde positif de 9 milliards du fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie. Les recettes ordinaires ont régressé de 6,5%, impactées par le recul de 8,4% des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales ont augmenté de 2,5%, traduisant essentiellement une hausse de 8,3% des charges au titre des autres biens et services, alors que les dépenses d'investissement ont diminué de 4,7% et celles au titre de la compensation de 6,4%. Avec la réduction du stock des opérations en instance de 1,6 milliard, le déficit de caisse s'est établi à 48,1 milliards de dirhams, en creusement de 3,2 milliards par rapport à son niveau à fin août 2019. Ce besoin a été couvert par des ressources intérieures d'un montant net de 32,8 milliards et par des concours extérieurs nets de 15,2 milliards. Tenant compte des données de la loi de Finances rectificative 2020 et de la poursuite de la mobilisation des financements spécifiques en 2021, le déficit budgétaire, hors privatisation devrait s'aggraver de 4,1% du PIB en 2019 à 7,9% cette année, avant de s'atténuer à 5,1% en 2021. Outre les ressources internes, le financement des besoins du Trésor est assuré par une mobilisation exceptionnelle des financements extérieurs. La dette du Trésor augmenterait ainsi de 65% du PIB en 2019, à 76,1% en 2020 et se situerait à 75,9% en 2021.