Latifa Echihabi, directrice de l'Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME), commente les résultats de l'étude d'impact économique et fait le bilan du programme Europe-Maroc-Entreprise. Entretien. ALM : Quel regard portez-vous sur les résultats de l'étude d'impact économique réalisée en collaboration avec l'EME ? Latifa Echihabi : Les résultats sont très positifs et significatifs. Cette étude a mis en exergue les efforts entrepris par les entreprises qui ont adhéré au programme EME, puisque pour les trois quarts d'entre elles, l'adhésion à ce programme a constitué une rupture avec le passé, notamment en ce qui concerne leur repositionnement stratégique. Les deux tiers ont réussi une bonne maîtrise des coûts alors que la moitié des entreprises a réussi une réduction des délais. En somme, l'étude menée a montré que le programme EME a permis à l'entreprise d'accélérer ses efforts de mise à niveau. Il les a poussées à travailler différemment, même si les résultats ont été beaucoup plus timides concernant la veille technologique et concurrentielle qui demeure insuffisante pour près de 54 % des entreprises. Les mêmes lacunes ont également été constatées pour ce qui est de l'approche marketing du personnel de ces PME-PMI, puisque 67 % d'entre elles avouent ne pas accorder à cette donne l'importance qu'elle devrait avoir. Quel bilan faites-vous de l'action du programme EME au Maroc ? Je répondrais à votre question en prenant en compte le contexte dans lequel le programme EME a été établi. Ce programme de mise à niveau du secteur privé a été mis en place par la Commission européenne en 1998 dans le cadre du programme Meda 1 avec pour principal objectif d'aider les PMI/PME marocaines à relever les défis de la mondialisation. Jusqu'à 2004, EME a bénéficié d'une enveloppe globale d'environ 22 millions d'euros dont la totalité du budget opérationnel (14 millions d'euros) a été mise en œuvre. Je ne reviendras pas sur les problèmes que ce programme a rencontrés à ses débuts à cause des lenteurs des procédures communautaires. C'est un sujet qui a été suffisamment évoqué par le passé. Je ne prendrais donc que la période 2002-2004. Je dirais que ce premier programme d'appui aux entreprises est un succès. Il a eu un grand impact sur les PME-PMI. La preuve en est le taux de 98 % de taux d'engagement de ces dernières. Il s'agit là d'une action considérée aujourd'hui comme une référence en matière de mise à niveau des entreprises. Plusieurs secteurs d'activité économique ont été touchés, notamment le cuir et les textiles. D'autres sont dans la ligne de mire de la seconde phase de ce programme, notamment le secteur agro alimentaire. Qu'en est-il de la période 2004-2008 ? Pour la période 2004-2008, c'est un nouveau programme, entrant dans le cadre de la convention de financement entre le Maroc et l'Union européenne qui est appliqué. C'est un programme doté de 93,8 millions d'euros, 61 millions d'euros sont financés par l'Union Européenne alors que la contribution marocaéine s'élève à 32,8 millions euros), ce nouveau programme vise l'appui au développement et à la modernisation des entreprises, particulièrement les PME du secteur industriel et des services liés à l'industrie, dans la perspective de la mise en place de la zone de libre-échange entre le Maroc et l'Union européenne.