Abou Hafs et ses amis ne sont pas innocents puisqu'ils ont eu droit à un procès qui a débouché sur leur inculpation. À l'approche de la commémoration du deuxième anniversaire des attentats terroristes du 16 mai qui ont frappé Casablanca, voilà que les théoriciens de la Salafia Jihadia et les intégristes détenus dans le cadre de cette affaire s'agitent en organisant une grève de la faim. Cette action ne vise pas à revendiquer l'amélioration de leurs conditions carcérales - le problème ne se pose plus - mais à réclamer une enquête internationale sur la tragédie de Casablanca en vue de déterminer les vrais responsables. Par cette demande consignée dans un communiqué, les grévistes insinuent qu'ils sont les boucs-émissaires d'actes planifiés par des milieux obscurs. En somme, ils nourissent l'espoir d'obtenir un procès en réhabilitation. En attendant, ils tentent de se disculper en remettant en cause la vérité sur les événements de Casablanca. À savoir que ces derniers ont été exécutés par une bande de paumés de Sidi Moumen influencés par les gourous du Jihad local et dont les prêches haineux et la littérature obscurantiste ont agi comme du poison sur les esprits de la jeunesse en détresse des périphéries des grandes villes du Royaume. Dans cette affaire, il y a la responsabilité directe et indirecte. Ceux qui ont recruté puis embrigadé les kamikazes pour les transformer en machines à tuer en leur promettant le paradis. Et les autres qui par la propagation au sein de la société d'une vision rigoriste de l'Islam ont participé à la création des conditions objectives du 16 mai. Même le PJD, qui actuellement fait preuve d'assaut d'amabilités politiques tous azimuts, a une responsabilité morale à ce niveau-là. Condamné dans le cadre de la loi antiterroriste, Mohamed Fizazi de Tanger, quant à lui, avait fait fort en désignant au lendemain des attentats les vraies cibles à attaquer lors d'un entretien avec un journal arabophone. Ce cadre de l'Éducation nationale doit assumer ses responsabilités jusqu'au bout, au même titre que ses compagnons d'infortune. Abou Hafs et ses amis ne sont pas innocents puisqu'ils ont eu droit à un procès qui a débouché sur leur inculpation. Qu'ils tentent aujourd'hui de faire un forcing médiatique, en se faisant passer pour des victimes de la machine répressive, ressemble fort bien à une entreprise de mystification relayée pour des raisons évidentes par une certaine presse étrangère nihiliste et hostile. L'histoire du 16 mai a été écrite avec le sang de plus d'une quarantaine de morts et une centaine de blessés. La barbarie. Vouloir la réécrire avec des communiqués “négationnistes“ est une tentative désespérée qui renseigne sur la nature des intéressés. On ne peut pas d'un côté combattre le terrorisme et de l'autre négocier en catimini avec ceux qui en sont les chefs ou qui l'alimentent. C'est là un jeu dangereux. Les autorités du pays, qui ont lancé le chantier de la mise à niveau du fait religieux, doivent aussi formuler une doctrine par rapport à cette question. Une doctrine avec des mécanismes clairs et précis à même de permettre d'affronter les gesticulations de ceux qui ont voulu semer la chienlit dans le pays.