Le Maroc compte près d'un million et demi de handicapés. L'accès des bâtiments reste leur principale entrave. La secrétaire d'Etat chargée de la Famille, de l'Enfance et des personnes handicapées, avoue que, seule, elle n'ira pas loin. Les résultats de la première enquête sur les handicapés au Maroc viennent d'être annoncés par le secrétariat d'Etat chargée de la famille, de l'enfance et des personnes handicapées (SECFEPH). Le pays compte 1,53 million de handicapés, soit 5,12 % de la population, dont 58 % résident dans le milieu urbain. Réalisée avec l'assistance technique du Centre français de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé et de Handicap International, dans le cadre du programme MEDA, cette enquête a été financée à hauteur de 7,1 millions de dirhams par l'Union européenne et de 440.000 dirhams par le SECFEPH. Certes, les handicapés ont des besoins spécifiques pour les aider à accomplir leurs tâches quotidiennes. Les gestes les plus élémentaires deviennent davantage les besognes les plus ardues à exécuter, d'autant plus que certaines normes ne sont pas encore généralisées au Maroc. L'accessibilité reste le principal cheval de bataille de ces 1,53 million d'invalides. La majorité des bâtiments n'est pas encore équipée en rampes, facilitant le déplacement des handicapés en fauteuil. Qu'a fait donc le secrétariat de tutelle dans ce sens ? « Toute seule, je ne peux pas trouver des solutions à l'ensemble de ces problèmes. Le SECFEPH a une mission transversale entre d'autres départements comme le Transport, l'ONCF...Les handicapés sont à la responsabilité de tous», répond Yasmina Baddou. Et d'ajouter que «ce statut particulier ne facilite guère la tâche au secrétariat». Le problème de l'accessibilité concerne également le ministère chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme. À ce titre, Yasmina Baddou affirme que ce ministère exige le respect des normes de l'accessibilité: «le ministère chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme a ordonné à l'ensemble des agences urbaines de ne délivrer des permis pour rénovations ou modifications que si les bâtiments en question sont accessibles aux handicapés». Quant aux récentes constructions, rares sont les bâtiments qui répondent aux normes exigées pour en faciliter l'accès aux handicapés. Si certains promoteurs immobiliers économisent sur les règles de base en vigueur dans ce domaine, l'on comprend pourquoi ces immeubles ne disposent pas de rampes. Outre l'accessibilité des bâtiments, les personnes aux besoins spécifiques souffrent aussi d'un énorme problème dans les parkings, les trains…Faut-il instaurer de nouvelles loi dans ce sens ? «Les lois existent bel et bien, ce qui manque c'est leur application. Cela ressemble au port de la ceinture de sécurité en roulant : la loi est là, mais personne ne la respecte ! », note Yasmina Baddou. Cette enquête a montré que 56 % de la population handicapée est en âge d'activité. Elle a également dévoilé que 40 % d'entre eux rencontrent le plus de problèmes dans leur vie quotidienne : hygiène, habillage, alimentation et activité au domicile, déplacement…20 % ont mis l'accent, lors de cette enquête, sur les difficultés qu'ils connaissent dans leurs déplacements.