Déjà en faillite technique depuis 2003, Papelera De Tetuan présente, au titre de l'exercice 2004, une situation financière en dégradation continue. Les analystes de la BMCE Capital font le point. Conformément aux dispositions réglementaires en vigueur, une assemblée générale extraordinaire devrait être tenue pour décider de la continuation de la société Papelera De Tetuan. Les analystes de la banque d'affaires BMCE Capital estiment que la société, déjà en faillite technique depuis 2003, présente, au titre de l'exercice 2004, une situation financière en dégradation continue en attendant l'augmentation du capital social de 112 millions de DH, décidée le 1er mars 2005. L'actionnaire de référence, Cellulose du Maroc (80%), elle-même filiale de la CDG, a son mot à dire quant à la poursuite ou non de l'activité. Si le choix du maintien de l'activité est retenu, il ne pourrait se faire sans complications pour l'entreprise. « En effet, dans un contexte de forte concurrence et d'absence de moyens de financement suffisants, la société affiche un chiffre d'affaires anodin de 26,7 millions de DH. Dans ce même sillage, le résultat d'exploitation creuse son déficit, passant de –48,5 millions de DH en 2003 à –117,0 millions de DH en 2004 », estiment les analystes de la BMCE Capital. Cette évolution est impactée par l'effet combiné de la baisse de 65% des revenus d'exploitation et de la hausse de près de 20% des charges opérationnelles. Ces dernières intègrent des dotations d'exploitation en appréciation de plus de 100%. A contrario, ajoute la BMCE Capital, le résultat financier s'améliore de 10,4 millions de DH à –17,37 millions de DH, dû principalement au repli des charges financières de près de 40% à 17,44 millions de DH. En 2004, le résultat courant ressort en détérioration de 76% à 134,4 millions de DH contre 76,3 millions une année auparavant. Pour sa part, le résultat non courant gagne 3,2 millions de DH, réduisant son déficit à -1,7 million de DH. «Cette amélioration est le résultat d'une baisse significative des charges non courantes, passant de 6,2 millions de DH en 2003 à 1,7 million au titre de l'exercice 2004», est-il précisé. De ce fait, le résultat net s'établit à -136,2 millions de DH en 2004, aggravant de 54,6 millions de DH les pertes enregistrées en 2003. La situation provisoire du bilan au 31 décembre 2004 fait apparaître une situation nette débitrice de 67 millions de DH. Cette situation de la société de papier trouve assurément ses origines dans le contexte marocain si particulier mais, aussi, dans une conjoncture mondiale des plus contraignantes. Le marché mondial du papier a connu, à l'instar de celui de la pâte, une crise caractérisée notamment par une augmentation de la production de papier, suite à l'attitude prise par les producteurs intégrés de pousser au maximum les cadences de production, eu égard aux prix de la pâte attractifs pratiqués lors des périodes de bas de cycle. Autre facteur, un niveau de stocks de papier anormalement élevé, d'où l'apparition d'une offre excédentaire que le marché n'arrive pas à résorber. En plus, la baisse de prix du papier, aggravée par la mise en vente de lots de papiers de second choix à des prix spots, est aussi derrière les performances de Papelera De Tetouan. Enfin, une baisse de la consommation observée notamment au niveau des magazines et des supports publicitaires. Dans ce contexte particulièrement dépressif, Papelera de Tetuan, qui évolue dans un environnement national hautement informel, où l'essentiel du chiffre d'affaires se réalise hors TVA, n'a pas échappé à cette crise. En effet, la pratique des ventes sans factures, devenue courante dans le secteur, jointe aux importations massives à des prix voisins des coûts techniques obligent l'entreprise à se livrer en permanence à un combat déloyal. A cela, s'ajoute la qualité d'une clientèle locale sous-capitalisée, dont la solvabilité a atteint ses limites, eu égard à l'hémorragie des impayés enregistrés lors des dernières années. D'ailleurs, par le passé, la direction de l'entreprise a préféré suspendre les livraisons au détriment du chiffre d'affaires. Même sur le plan social, l'entreprise a démarré, en avril 2002, la mise en œuvre du plan de redéploiement du personnel, après avoir obtenu l'accord des autorités régionales. La question risquera de se poser encore une fois, si la cessation de l'activité est retenue !