Le gouvernement a décidé d'annuler les dettes de quelque 100.000 petits exploitants agricoles en difficulté. Populaire, cette mesure était longtemps réclamée par les intéressés. Bonne nouvelle pour les petits exploitants agricoles. Le Crédit Agricole du Maroc a décidé d'annuler ses dettes envers 100.000 petits fellahs dont les cultures ont été endommagées. Pour la banque verte, cette décision se traduira par un manque à gagner, estimé à plusieurs millions de dirhams. Toutefois, c'est assurément une bouffée d'oxygène pour ces petits agriculteurs, surtout après une saison agricole difficile marquée, notamment, par la vague de froid qui a frappé dernièrement notre pays et qui a touché une superficie de 217.000 hectares, sans oublier les dégâts causés par l'invasion des criquets et le déficit pluviométrique. Contacté par ALM, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Mohand Laenser, a fait savoir qu'un projet a été présenté au Conseil de surveillance du Crédit Agricole du Maroc, mais sans, toutefois, donner plus de détails. «C'est tout ce que je peux vous dire pour l'instant », a affirmé le ministre. Une décision qui intervient quelques jours après l'annonce par le ministre de l'Agriculture, d'un certain nombre de mesures d'urgence pour venir en aide aux agriculteurs. Outre la mise en place d'un système d'alerte précoce, en coordination avec les services de la météorologie, en vue de permettre aux agriculteurs de faire face à la sécheresse, les mesures annoncées par le ministre consistent à encourager les agriculteurs à se doter de matériel de prévention contre le froid. Comment ? On les exonérant des droits de douane, par exemple. Des mesures d'urgences, il fallait les prendre. Dans son dernier rapport rendu public, le département américain de l'Agriculture (USDA) a estimé que les récoltes céréalières pour l'actuelle campagne agricole ne dépasseraient pas les 4 millions de tonnes. On est loin, très loin de la moyenne nationale qui est de 60 millions de tonnes. Selon le même rapport, les céréales les plus touchées en 2005 sont celles du blé et de l'orge. Et pour cause : baisse des rendements en raison de la sécheresse qui affecte notre pays depuis presque deux mois. Ainsi, il est prévu une baisse de, presque, la moitié de la production du blé (2,9 millions de tonnes contre 5,5 l'année passée). Il faut dire que l'étude réalisée par le département américain n'est pas innocente. Importateur de blé, notamment de France, le Maroc constitue un marché de plus pour les Etats-Unis, un des grands producteurs et exportateurs de blé dans le monde. Quelques mois seulement après la signature des accords de libre-échange avec le Maroc, le pays de l'Oncle Sam a déjà une idée des secteurs potentiels qu'il compte investir dans le Royaume. Chiffre à l'appui : pour les années à venir, le Maroc compte importer 2,6 millions de tonnes de blé et 0,8 million de tonnes d'orge pour couvrir ses besoins intérieurs. Lors de sa dernière intervention à la Chambre des représentants, Mohand Laenser, optimiste, avait déclaré que la campagne agricole 2004-2005 reste tributaire des pluies du mois d'avril. Mais, selon certains experts, il est trop tard pour sauver la saison. Depuis quelques années, et à cause de la sécheresse, on assiste à un recul de la superficie agricole. Rien que pour cette année, la superficie totale semée en céréales a atteint, au 1er avril, près de 4,7 millions ha, soit une baisse de 13 % par rapport à la même date de la campagne précédente. Cette superficie est répartie entre le blé dur (900.000 ha contre 1,1 million ha), le blé tendre (1,8 million ha contre 2 millions ha) et l'orge (2 millions ha contre 2,3 millions ha). Désormais, la chance de l'agriculture marocaine réside dans les cultures de niches. Loin d'être une mode, la culture biologique gagne à être expérimentée au Maroc. Certains experts estiment que le morcellement actuel des terres est plutôt une chance à saisir qu'une faiblesse de l'agriculture nationale.