L'affaire des manuels d'histoire japonais a enflammé les esprits en Chine. En peu de temps, la tension entre Pékin et Tokyo est vite passée à la vitesse supérieure. Mao Zedong avait dit un jour qu'une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine. Sur ce point, l'ancien dictateur avait entièrement raison. Ce qui vient de se passer dernièrement en Chine est l'illustration parfaite de la citation de Mao. L'histoire a débuté le week-end dernier lorsque des manifestations antijaponaises ont éclaté a Pékin et avaient ravivé le malaise entre la Chine et le Japon. Les manifestants ont protesté contre la publication d'un nouveau manuel scolaire au Japon qui donne une version très contestable de l'Histoire. Dans l'ouvrage, les atrocités commises par l'armée impériale au siècle dernier ont été minimisées de façon systématique. Par exemple, le massacre de Nankin de 1937 qui a coûté la vie à plus de 300.000 civils est qualifié par le manuel d'incident. Encore plus, le livre n'a jamais employé le terme « invasion » pour décrire l'occupation militaire des années 1930-1940. Irrités par ces propos, des milliers de citoyens chinois se sont regroupés samedi dernier dans la capitale chinoise pour protester. La foule déchaînée a ensuite jeté des pierres sur l'ambassade du Japon à Pékin cassant ainsi les vitres de l'établissement. Dimanche les manifestations se sont accentuées sans devenir violentes. En effet, quelque 20.000 personnes ont manifesté devant les consulats du Japon à Canton et Shenzhen, dans le sud de la Chine, a déclaré aux médias un diplomate japonais. Un autre diplomate a ajouté que des drapeaux japonais avaient été brûlés mais que plusieurs centaines de policiers étaient déployés et qu'aucun dégât important n`avait été commis. "Notre ambassade a appris du consulat général à Canton que, selon leur estimation, 3.000 personnes étaient rassemblées à l`extérieur", a dit un porte-parole de l'ambassade du Japon à Pékin. Réagissant à la violente manifestation du Samedi, Tokyo a exigé des excuses pour ces violences. L'Etat nippon a demandé une protection renforcée pour ses ressortissants vivant en Chine. Le Premier ministre, Junichiro Koizumi, a rappelé lundi à la Chine qu'elle est responsable de la sécurité des ressortissants japonais. Il a demandé aussi à Pékin d'empêcher d'éventuelles violences. De son côté, la Chine n'a pas donné suite à la demande d'excuses formulées par le Japon. Par ailleurs, Pékin a défendu sa gestion des violentes manifestations. «Ces manifestations étaient totalement spontanées», a souligné Qin Gang, un porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères. «Le gouvernement chinois a demandé aux manifestants de rester calmes et d'exprimer leur opinion dans l'ordre et la légalité», a-t-il ajouté. Interrogé à plusieurs reprises pour savoir comment Pékin comptait répondre à la demande d'excuses officielles et de compensations formulée par Tokyo, Qin n'as pas répondu. Le ministre a laissé entendre que ces manifestations avaient été provoquées par le mécontentement de l'opinion publique chinoise face « à l'attitude adoptée par le Japon à l'égard de son histoire d'agression ». Durant des décennies, la Chine et le Japon ont eu des relations très conflictuelles. Cette tension était causée principalement par les atrocités commises par les Nippons pendant la seconde guerre mondiale et aussi parce que les deux puissances se disputent la suprématie en Asie. L'affaire de manuelles scolaires est venu es'ajouter à l'éventuel octroi au Japon d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. L'obtention de ce siège par le Japon diminuera le poids de la Chine dans la région.