Le 7ème art est confronté à une crise inédite. C'est toute une chaîne qui est impactée par la pandémie Covid-19. Au Maroc comme partout ailleurs, les salles obscures sont fermées. Pour les exploitants de salles, les pertes sont considérables. Depuis le samedi 14 mars, l'ensemble des salles de cinéma sont fermées. Confinement oblige, aucun film n'est projeté. Dans ce contexte, le moral des exploitants des salles de cinéma n'est pas au beau fixe. Les détails ! Une perte estimée d'environ 80% de chiffre d'affaires sur 2020 Les exploitants de salles estiment que l'impact de la crise sanitaire sur les salles est considérable. Pierre-François Bernet, le directeur général du ciné Atlas Holding, comprend les mesures mises en place par le gouvernement pour lutter contre le Covid-19, mais considère que l'impact est de grande ampleur sur son entreprise. Pour cet entrepreneur, les pertes estimées dépendent de trois évènements. Tout d'abord, la date à laquelle les salles de cinéma seront autorisées à rouvrir (en France on parle de juillet mais rien n'est garanti pour l'heure). Ensuite, dans quelles conditions les cinémas devront exploiter leurs salles. «Cet évènement des conditions d'exploitation sera également largement tributaire de la confiance des spectateurs dans ces mesures. Ciné Atlas a entre autres fait sa réputation sur une hygiène irréprochable (salles nettoyées en profondeur chaque matin par une équipe de 8 personnes, mais également entre chaque séance pour les 4 salles), et nous accentuerons encore cette hygiène selon les dispositions de l'Etat à la réouverture», indique-t-il. Enfin, le 3ème évènement, selon lui, sera l'offre en films. A ce sujet, il explique que «les studios US ont décalé toutes les grosses sorties à fin 2020 ou début 2021, comme par exemple le nouveau James Bond «Mourir peut attendre» (un titre qui colle bien à la réalité du moment !) initialement prévu le 8 avril et qui sortira finalement le 11 novembre. Les films de studios représentant 80% de notre chiffre d'affaires, nous nous attendons à une fréquentation faible». Et d'ajouter que «les exploitants marocains, qui ont vu passer leur chiffre d'affaires à «zéro dirham» du jour au lendemain sur l'ensemble de leurs recettes (billetterie, confiserie, publicité et locations de salles), estiment une perte de chiffre d'affaires d'environ 80% sur 2020, c'est extrêmement lourd». Même constat pour Jamal Mehyaoui, responsable de communication et marketing du groupe Mégarama Maroc. Celui-ci déclare que l'impact de cette crise est quasiment catastrophique. «Nous sommes comme tous les secteurs qui sont dans l'évènementiel, les loisirs, les restaurants, les cafés. Maintenant, on contrôle la situation, on essaye de mettre en avant la santé de nos clients et la santé des téléspectateurs, on le comprend, mais je pense que les instances qui nous représentent devraient réagir vis-à-vis de l'Etat», réclame-t-il. Et d'expliquer : «On ne peut pas estimer les pertes pour le moment quand on ne sait pas quand est-ce qu'on va rouvrir. Les dégâts seront évalués à la réouverture», dit-il. Des programmations alternatives afin de garder de l'attractivité ? De plus, les tournages ont également été interrompus durant tout le confinement. Aussi, pour éviter un «trou de programmation» lié à cette période sans tournage, l'ensemble des professionnels du cinéma coordonnent actuellement pour que l'offre soit la plus régulière possible une fois que l'exploitation aura repris son cours normal. Selon M. Bernet, «l'équipe de Ciné Atlas réfléchit actuellement à des programmations alternatives afin de garder de l'attractivité durant cette période où seront maintenues les mesures barrières, et même jusqu'à l'avènement d'une population immune puisque c'est la seule qui sera vraiment affranchie de tout risque. Des plans de relance ? Quant à la sédentarisation des spectateurs ayant de plus en plus l'habitude de regarder des films en streaming et qui pourrait se maintenir après le confinement, M. Bernet est optimiste et dit le contraire. «Quand nous avons ouvert à Rabat en août 2018, nous avons immédiatement eu une forte fréquentation d'un public déjà «sédentarisé» et qui visiblement était heureux qu'un cinéma tel que le nôtre ouvre, et d'autre part de récents sondages en France indiquent qu'aller au cinéma vient en n°2 dans les désirs des personnes confinées, après un restaurant. Nous nous attendons plutôt à une forte fréquentation, mais seulement lorsque l'ensemble de la population sera hors de portée du virus. Sinon pour la réouverture oui nous avons un plan de relance, qui sera communiqué à la presse en temps voulu». Pour le responsable de communication et marketing de Mégarama Maroc, le plan de relance dépend des dates de sortie des films. «Il faut voir les dates de sortie des films et c'est à partir de là qu'on peut avoir un plan de relance. Maintenant nous reposons sur la communication», a-t-il fait savoir. Programmation de la réouverture : Aucune visibilité Les exploitants n'ont aucune visibilité quant à la programmation de la réouverture. «Pas pour l'instant car les distributeurs eux-mêmes ne connaissent pas encore la date de réouverture, mais nous échangeons en permanence avec eux afin d'être à jour», explique M. Bernet. Même remarque pour M. Meyhaoui. Celui-ci atteste que «la plupart des films internationaux ont été reportés jusqu'à la période de juillet-septembre et pour le moment nous n'avons aucune visibilité. On ne peut pas donner une programmation du moment qu'on ne connaîtpas la date de sortie des films marocains et internationaux».