Arrêté début juin à l'aéroport parisien de Roissy, le Marocain Karim Mehdi a avoué vouloir se rendre sur l'île de Réunion pour y faire des repérages… en vue d'un attentat. Le 5 juin dernier, Karim Mehdi est mis en examen à Paris parce qu'il est soupçonné par la justice française d'avoir tenté de préparer un attentat sur l'île de la Réunion… Âgé de 34 ans, le Marocain est inculpé pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Cinq jours plus tôt, l'homme a été arrêté à l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle, alors qu'il apprêtait, selon ses propres aveux, à se rendre sur l'île. Sa mission : effectuer des repérages pour une prochaine attaque contre un complexe touristique local. Lors de son interpellation, l'homme n'était en fait qu'en transit à Roissy où, en provenance de Brême, en Allemagne, il attendait sa correspondance. Durant ses quatre jours de garde à vue dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire, Mehdi a ensuite été particulièrement loquace. Il a indiqué avoir été chargé de ce projet d'attentat dans le style de celui de Bali le 12 octobre 2002. Postée à l'entrée d'une discothèque de l'archipel indonésien, une fourgonnette piégée avait alors tué 202 personnes, la plupart des touristes et des Australiens… Le Marocain a également ajouté être un «sympathisant» d'Al-Qaïda et évoqué devant les enquêteurs d'autres projets d'attaque contre des installations militaires américaines en Allemagne! Pourquoi a-t-il été arrêté ce jour-là ? Mehdi était déjà surveillé pour ses liens supposés avec la cellule d'Hambourg, celle qui a fourni des hommes mais aussi presque toute la logistique aux attentats du 11 septembre 2001. L'homme est même considéré comme un proche de Ziad Jarrah, un des kamikazes de l'avion qui s'est écrasé par erreur en Pennsylvanie ce jour-là. Lui-même aurait par ailleurs suivi des stages dans des camps d'entraînement en Afghanistan ainsi qu'en Bosnie. Il serait aussi lié, plus indirectement, à l'attentat contre la synagogue de Djerba, en Tunisie, qui a fait 21 – la plupart des touristes allemands – le 11 avril 2002. Sur ce dossier, Mehdi a surtout été trahi par un homme qu'il a fréquenté : Christian Ganczarski. Arrêté à Roissy deux jours après le Marocain, cet Allemand avait été contacté par le kamikaze de Djerba, le Tunisien Nizar Nawar, juste avant qu'il ne fasse exploser son camion citerne. Ganczarski, un «proche de Ben Laden» selon le ministre français de l'Intérieur, était également en contact avec un autre Marocain, Mounir El Motassadeq, condamné en février 2002 à 15 ans de prison pour complicité dans les attentats du 11 septembre… De là à dire que El Motassadeq et Mehdi se connaissaient il n'y a qu'un pas, d'autant plus que ce dernier résidait – tout comme le premier – en Allemagne. Il a d'ailleurs expédié toute sa famille en Turquie avant d'entamer sa « mission » le 1er juin dernier. Arrêté le 3 à Roissy, alors qu'il était censé être en prison en Arabie Saoudite, Ganczarski a-t-il été dénoncé par son complice, qui l'a d'ailleurs désigné comme « l'un des organisateurs et le financier de l'attentat qui aurait pu être perpétré à la Réunion» ? Se définissant comme un simple exécutant, Mehdi s'est décrit comme un «généraliste» du terrorisme mais ses «hautes» relations semblent plutôt en faire un «gros poisson»…