Dans leur quête incessante de preuves sur la présence d'armes illicites en Irak, Américains et Britanniques comptent désormais sur l'aide des Irakiens eux-mêmes… La coalition américano-britannique a lancé dimanche un appel pressant aux scientifiques irakiens afin qu'ils lui fournissent «toute information sur les armes de destruction massive» que le régime de Saddam Hussein a été accusé de produire ! «Nous savons qu'il y a des scientifiques irakiens, des militaires et des responsables du parti Baas qui ont des informations sur les armes de destruction massive produites par l'ancien régime irakien», a lancé la radio installée par les forces occupantes. Celles-ci se basent sur les travaux effectués avant la guerre par les experts de l'ONU qui avaient pu interroger quelques uns des 325 scientifiques irakiens supposés liés aux programmes d'armes de destruction massive. «Vous ne devez pas avoir peur car vous serez traités avec équité si vous nous donnez des informations car elles sont très importantes pour vous protéger ainsi que vos amis et vos familles» leur a assuré la même radio dimanche, tout en leur promettant une récompense «matérielle» ! Au centre, tout comme Londres, d'une polémique grandissante sur l'absence de preuves apportées jusque-là en la matière, Washington a déjà envoyé mercredi dernier une nouvelle équipe de spécialistes, censés atteindre à terme le nombre de 1.300 en Irak. Depuis leur déploiement sur le terrain fin mars, les experts n'ont rien trouvé sur les 320 sites suspects qu'ils ont inspecté… Mais leur liste en comporte 900 ! Côté britannique, où l'affaire touche directement le Premier ministre, un responsable a promis dimanche aux services secrets que le gouvernement «ferait beaucoup plus attention » en utilisant les informations sur les armes irakiennes. Alastair Campbell, directeur de la stratégie et de la communication de Tony Blair, a donc implicitement avoué les imprudences de son cabinet en la matière, notamment lors de la publication, en février, d'un dossier accablant sur les ADM irakiennes. Un rapport largement inspiré mot d'une thèse universitaire datant de 1997 ! La stratégie américano-britannique, après avoir défié le monde, tournerait-elle aujourd'hui à la mascarade ?