Sidi Moumen produit et abrite des intégristes. Cependant leurs gourous se recrutent ailleurs. Il est un fait que l'on ne peut occulter : les terroristes intégristes qui ont endeuillé Casablanca ne sont pas venus de nulle part. Ils sont venus des quartiers dits marginaux, des coins de l'exclusion. Mais ce n'est pas tout. Il y a bien des fiefs d'endoctrinement et de formation pour ces jeunes qui se font exploser, tuent, appellent au meurtre et commettrent tout acte de nature à déstabiliser le pays. Deux hauts lieux de formation se distinguent: Fès et Tanger. La première, connue pour être la capitale spirituelle du Maroc a longtemps donné naissance à des Alems opposants. Des Alems qui récusent l'autorité de l'Etat et de ses symboles. Si depuis des décennies, ce front-là a été pacifié, il n'en demeure pas moins que des dirigeants de la Salafiya Jihadia ou d'Attakfir Wal Hijra, ont eu leur quartier général à Fès. Les premières arrestations ont d'ailleurs commencé l'été dernier dans cette ville. Abou Houdaifa en est le représentant le plus indiqué. Dans un haut lieu pareil, les bons prêches se mélangent aux appels aux meurtres sous couvert de religion. Les livres de Sayed Qotb, les cassettes audio de Kichek, y faisaient des ravages dans les ruelles commerçantes de la ville. Cela pour commencer avant d'atteindre un deuxième stade, celui où les livres cèdent la place aux cassettes enflammées de certains prêcheurs de la mort. L'ambiance de la ville aidant, les fiefs intégristes se multiplient et c'est à Fès que des intégristes avaient envahi l'université et mené une razzia au sein de l'enceinte universitaire et pendant plusieurs jours dans les quartiers avoisinants. C'était au début des années 90. C'est de Fès que la propagande contre les démocrates a pris toute son ampleur. Et il y avait mort d'homme, y compris à Oujda où un étudiant Maâti Oumlil s'est fait lyncher par des intégristes sans foi ni loi. Quant à Tanger, c'est un lieu où tous les extrémismes peuvent se développer. La nature cosmopolite de la capitale du Détroit aidant, les intégristes y trouvent refuge et pullulent avec des complicités bien placées. Pendant des années, Mohamed El Fizazi, actuellement en détention, prêchait la mort et incitait à la violence. Pendant des années, El Fizazi et consorts faisaient de Tanger leur espace conquis. N'a-t-il pas déclaré que personne ne l'a jamais inquiété du côté des autorités ? N'a-t-il pas appelé sans vergogne à s'attaquer à des lieux de culture et des symboles de l'ouverture du pays sur le monde ? C'est normal dans un lieu pareil que des Français de la tremp Abou Abderrahmane, lui aussi détenu, trouve refuge à Tanger. Pour rappel, le procès des Islamistes en 1996 à Paris, et concernant entre autres les intégristes impliqués dans l'attentat de l'hôtel Atlas Asni à Marrakech, n'avait-il pas levé le voile sur la place qu'occupe Tanger dans les réseaux intégristes voulant opérer au Maroc ? Il fallait s'y rendre à l'évidence depuis lors. Ce ssont les villes de Fès et Tanger qui inondé Sidi Moumen à Casablanca de nervis qui ne jurent que par le sang…« Casablanca reçoit des milliers de jeunes désabusés. Rongés par le chômage et la misère, mais enrôlés par des groupes intégristes qui s'en servent pour leurs basses besognes. Il faut sécuriser les villes en s'attaquant aux origines du mal. Et chaque organisation qui ne respecte pas les règles en vigueur doit être rayée de la carte par la loi », relève un observateur averti. On voit bien que le problème est complexe. Que l'affaire n'est pas uniquement une affaire de religion. Tous les Marocains sont musulmans. Face aux intégrismes de tout genre, c'est une mobilisation génale des formations démocratiques qu'il faut. Une mobilisation pour rendre crédible l'action politique et pour redonner confiance aux citoyens dans leurs partis politiques. Et là, les chemins de l'intégrisme ne mèneront nulle part.