Après les Grands Prix d'Australie et de Malaisie, Renault s'est imposé hier sur le circuit de Sakhir à Bahreïn. Une victoire, due autant au talent de Fernando Alonso, qu'à la supériorité technique de la R25. Petit royaume situé entre deux mers dans le désert du Golfe Persique, Bahreïn renvoie comme ses voisins d'Etat aux pétrodollars et au faste à l'orientale. Ici l'automobile est plus qu'un moyen de transport : un fait social est une véritable institution. Grandes limousines, gros 4x4 de luxe et coupés sportifs… le tout frappé des logos prestigieux. Telle est la composition du parc automobile local et du parking extérieur du circuit de Sakhir. Car, depuis 2004, Bahreïn est aussi le seul pays arabe disposant d'un circuit international qui abrite un Grand Prix comptant pour le Championnat International de Formule 1. Nouvelle réglementation oblige, les essais qualificatifs, pour cette seconde édition se déroulent désormais en deux jours. Deux jours de pression et de préparatifs intenses pour toutes les écuries, surtout pour le Team Renault F1 Mild Seven, celui-là même qui nous a invités à suivre et vivre en directe cette troisième épreuve de la saison 2005 en F1. Ici, dans le «VIP Paddock Club» de Renault, l'ambiance est en ébullition. Normal, Renault part favori pour ce GP, puisque sa nouvelle monoplace, la R25 a pu s'imposer dans les deux précédentes épreuves (GP d'Australie et de Malaisie). Et, lors des «qualifs», vendredi après-midi et samedi matin, c'est Fernando Alonso qui a pu réaliser les meilleurs temps, permettant ainsi à Renault de partir en pole position. Et Ferrari alors? Michael Schumacher ayant fini septième lors de la précédente course, a poussé la Scuderia à étrenner sa nouvelle monoplace, la F2005, cinq semaines avant la date prévue. Annoncée une dizaine de jours avant ce GP, l'entrée en scène de la F2005 était même l'évènement le plus attendu à Bahreïn. Petite anecdote –dans un contexte plutôt triste-, les F2005 arboraient un nez noir, en signe de deuil après la mort du pape Jean Paul II, survenue la veille. Il faut aussi savoir que le nouveau règlement impose aux constructeurs de conserver le même moteur et les mêmes pneus durant deux courses. Du coup, les pilotes sont obligés de ménager leurs montures, afin de la fiabiliser au mieux pour l'épreuve suivante. Cette précision faite, on retiendra qu'à la grille du départ, Schumi était en seconde position après Alonso. Dans les tribunes assez pleines, on pouvait voir quelques supporters défendre les couleurs de Ferrari ou du team Renault. Le moment fatidique approchait et la température montait… dans tous les sens du terme. Bahreïn, c'est 41 °C dans l'air et jusqu'à 53 °C sur l'asphalte ! Les pneus sont alors un facteur très déterminant… Le départ donné, la R25 d'Alonso s'élançait comme l'éclair, forte de son puissant V10 et d'une structure allégée et très aboutie sur le plan aérodynamique. Bien qu'il y avait 57 tours à parcourir, la course allait se jouer très vite. Le premier tour était marqué par une sorte de course-poursuite quasi acharnée entre Michael Schumacher et Fernando Alonso, au terme de laquelle, le septuple champion du monde n'a pu prendre le dessus. Mieux encore, l'allemand a poussé à bout sa mécanique, jusqu'à casser un organe de la F2005, ce qui l'a contraint à abandonner au treizième tours. Mais pour Alonso, rien n'était gagné d'avance. En effet, la Toyota de Jarno Trulli allait pointer son nez juste derrière la Renault. Ne pouvant néanmoins soutenir le rythme d'Alonso, Trulli allait se contenter d'une seconde place devant la McLaren de Kimi Raikkonen. Tel était ainsi le tableau final de ce Grand Prix. Un podium qui a vu accueillir Salman Bin hamad, le prince héritier du Bahreïn, pour la remise des trophées, ainsi qu'un autre signe du deuil papal : les bouteilles de champagnes n'ont pas été ouvertes. Avec cette troisième victoire, Renault confirme sa domination en ce début de saison et se présente même comme un solide candidat à la succession de Ferrari. • De notre envoyé spécial à Bahreïn Jalil Bennani