La Chambre de commerce américaine au Maroc « AmCham » suit de très près l'état d'avancement des négociations sur l'accord de libre-échange entre le Royaume et les USA. Son directeur exécutif, Carl Dawson, explique les enjeux de cet accord et plaide pour le renforcement du lobbying pour garantir son aboutissement rapide. ALM : Dans quelle mesure les attentats suicides risquent t-ils d'influencer le déroulement des négociations pour l'accord de libre-échange entre le Maroc et les USA ? Carl Dawson : Je crois que les événements tragiques qui ont secoué la capitale économique sont condamnables. Je suis convaincu que l'économie marocaine est en mesure de résister. Un seul incident ne pourrait pas, à lui seul, influencer les relations commerciales et économiques du Maroc avec ses partenaires, y compris les USA. Le Royaume est reconnu comme étant parmi les pays stables du monde arabe et en Afrique. Je prends également l'exemple des attentats de « Al O'ksour» en Egypte malgré leur gravité, les Egyptiens ont pu reconquérir la confiance des opérateurs touristiques et les investisseurs étrangers. Actuellement, quel est l'état d'avancement des négociations de l'ALE entre le Maroc et les USA ? Jusqu'à présent, les négociateurs des deux pays ont tenu deux manches : le premier en janvier 2003 à Washington et le second en mars à la capitale suisse. A ma connaissance, les deux parties n'ont pas encore décidé une date pour la troisième session de négociations. En tout cas, le déroulement des deux premières rencontres a permis l'évolution des pourparlers sur plusieurs chantiers. l'AmCham a publié un mémorandum où elle identifie les facteurs de blocages pour l'aboutissement de cet accord. Quel est le contenu de votre diagnostic ? En fait, les opérateurs économiques et les investisseurs étrangers s'accordent sur le constat et la nécessité d'améliorer l'environnement des affaires. Suite à une enquête réalisée par l'AmCham sur l'environnement des affaires au Royaume, nous avons identifié différents axes à améliorer. Il s'agit de la réforme du code du travail, la garantie de la transparence et l'efficacité de la justice ainsi que la protection de la propriété industrielle. Autre volet important, la mise à niveau du système éducatif pour accroître le degré de qualification des ressources humaines. Il faut reconnaître que le gouvernement est très sensible à ces chantiers puisque diverses initiatives ont été prises pour accélérer l'élan des réformes économiques. La Chambre a créé également une commission dédiée au suivi du dossier de l'ALE. Quelle sera la mission de cette nouvelle entité de l'organigramme de votre Chambre ? Cette commission présidée par Larry Dewitt, de CMS Energy et directeur de la centrale électrique de Jorf Lasfar, a pour mission de suivre de très près les travaux de négociation de l'ALE. Elle regroupe également des managers d'entreprises américaines installées au Maroc et des membres de la mission économique de l'Ambassade des USA. Ce comité sera amené à jouer un rôle important pour faire du lobbying, surtout lors de la phase de la ratification de l'accord. L'enjeu sera de convaincre les parlementaires du Congrès américain de l'intérêt et de la valeur ajoutée de l'ALE avec le Maroc.