Les investigations des services de sécurité sur les auteurs et les commanditaires des attentats de Casablanca progressent rapidement. Des perquisitions au niveau national ont permis l'arrestation d'un grand nombre d'intégristes. Hier matin, une descente de police dans le quartier Sidi Moumen a permis la saisie de plusieurs bombes qui ont été désamorcées. La vigilance reste de mise. La préfecture de police de Casablanca a vécu des moments de panique, hier vers onze heures du matin. Une peur justifiée puisque le siège de la Sûreté régionale courait le risque de l'explosion d'une bombe qui se trouvait à l'intérieur de l'une des voitures de police stationnée dans la cour de la préfecture. En effet, des éléments de la police judiciaire avaient saisi parmi le matériel confisqué lors d'une perquisition effectuée dans une maison au quartier Sidi Moumen une bombe et l'ont mis dans le coffre de leur voiture d'intervention qu'ils avaient stationné dans le parking intérieur de la préfecture sans se rendre compte du danger d'une telle action car, les explosifs contenus dans la bombe risquaient d'exploser à cause de la chaleur. C'est l'intervention des spécialistes français qui a permis de désamorcer la bombe après des moments de grande peur et de panique. Par ailleurs, et dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Casablanca, les services de sécurité marocains ont déclenché une vaste opération d'identification et de détention des membres de la Salafia Jihadia et d'Assirat Al Moustakim dont l'implication dans les attentats terroristes perpétrés à Casablanca a été révélée par les investigations de la police et des services de renseignements nationaux. Ainsi, sur tout le territoire national, les arrestations se multiplient dans les milieux de ces mouvances islamistes qui prônent le recours à la violence. Selon des sources proches de l'enquête, ces arrestations se font dans le cadre de la loi et dans le respect des procédures légales. Ces arrestations, affirme-t-on, ont permis de réaliser de grandes avancées dans le cours de l'enquête et ont confirmé l'existence de connexions au niveau national entre les adeptes de cette tendance intégriste et ses dirigeants. S'agissant des perquisitions dans les domiciles des prévenus, les enquêteurs affirment avoir saisi des documents écrits et du matériel audio appelant à l'idéologie de la Salafia Jihadia et d'Attakfir Wal Hijra. L'ensemble de ces données sont mises à la disposition de la cellule centrale chargée de rassembler et de traiter tous les éléments de l'enquête. Ladite cellule reçoit aussi des informations des services de sécurité des pays amis qui collaborent avec leurs homologues marocains pour déterminer les éventuelles ramifications internationales des attentats. Une collaboration qui se fait aussi au niveau local puisque des agents américains et européens spécialisés dans la lutte contre le terrorisme ainsi que des équipes de la police scientifique sont sur place pour fournir une assistance technique à la police scientifique marocaine. Dans une déclaration à la presse, le ministre de l'intérieur, Mustapha Sahel, a tenu à remercier les pays amis pour cette assistance. "Je voudrais remercier les services de sécurité des pays amis pour leur collaboration technique en matière d'identification", a dit le ministre. Dans la même déclaration, le chef du département de l'intérieur a affirmé que tous les terroristes ont été identifiés et a annoncé que deux terroristes parmi les quatorze ayant organisé les attentats sont sous détention. "Le réseau qui a commis des actes terroristes à Casablanca a été identifié dans son entièrreté. Sur ce point, je voudrais apporter quelques précisions: 12 terroristes ont trouvé la mort le jour des attentats, un terroriste a été interpellé le soir même et les services de sécurité ont procédé à l'arrestation du 14 ème hier soir", a précisé le ministre. Selon M. Sahel, l'arrestation des deux terroristes encore vivants a permis de faire des avancées remarquables en termes de renseignements. "Ces avancées nous permettent aujourd'hui de confirmer nos présomptions sur la connexion avec le terrorisme international", a-t-il expliqué. Le haut responsable marocain a tenu par la même occasion à démentir certaines rumeurs ayant été véhiculées par certaines chaînes internationales sur l'implication de certains ressortissants arabes ainsi que l'arrestation d'un soi-disant ingénieur marocain ayant participé à la fabrication des bombes artisanales utilisées par les terroristes. "Je voudrais saisir aussi cette occasion pour dire qu'il n'y a pas un quelconque officier émirati soi-disant artificier qui aurait participé de près ou de loin à ces attentats. De même que le soi-disant ingénieur de l'ONE, qui serait l'artificier des kamikazes est une pure invention des journalistes et d'une certaine presse étrangère", a assuré le ministre. De son côté, le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ a indiqué, lundi, que les auteurs des attentats de Casablanca identifiés résidaient dans le même quartier de la capitale économique à savoir Hay Sidi Moumen. Dans des déclarations à la presse en marge de la réunion de la commission de la justice, de la législation et des droits de l'homme à la Chambre des représentants, Bouzoubaâ a précisé que les auteurs de ces attentats sont "issus de milieux modestes" et "certains d'entre eux sont des élèves ou des étudiants" et que la personne dont la charge n'a pas explosé est un gardien de voitures. Les services de sécurité maîtrisent tous les éléments ayant trait à cette affaire, a affirmé le ministre, précisant que les investigations se poursuivent. L'ensemble des données révélées jusqu'à maintenant par les services de sécurité permet donc de déduire que les terroristes faisaient partie d'un groupe d'Assirat Al Moustakim agissant dans le cadre, plus vaste, de la Salafia Jihadia et bénéficiant d'un éventuel soutien logistique d'un réseau international.