Le terrorisme qui vient de s'abattre sur la capitale économique du pays a fait beaucoup de victimes innocentes. Même le football national a été touché par la mort. Un grand joueur des années soixante-dix et quatre-vingts figurait parmi les victimes de la Casa Espagna. Le terrorisme qui vient de s'abattre sur la capitale économique du pays a fait beaucoup de victimes innocentes. Même le football national a été touché par la mort. Un grand joueur des années soixante-dix et quatre-vingts figurait parmi les victimes de la Casa Espagna. Le hasard a fait que Abdellatif Beggar, ex-meneur du jeu de l'équipe du Raja, fut présent sur les lieux après que deux de ses amis l'aient emmené presque par force. Tellement ils tenaient à sa présence pour son humour et son savoir plaisanter. Il plaisantait même ballon au pied. Cet excellent technicien, réputé pour ses fameux petits ponts et sa puissance de tir, est mort aussi malheureusement qu'il a vécu. Une grande pointure du football national certes, mais qui n'a tiré aucun profit matériel de son long parcours riche et glorieux aux côtés des Dolmy, Jawad et tout le reste de la formation des verts qui excellait dans le jeu spectaculaire. Beggar ne possédait pas de maison, il était locataire et a laissé derrière lui deux enfants. L'ironie du sort a fait qu'un sportif soit emporté par la haine aveugle, résultat d'un cumul de frustration chez une jeunesse désenchantée et de ce fait assujettie à toutes les dérives, toutes les manipulations. Ces jeunes marocains, très nombreux dans les quartiers populaires, vivent dans le vide absolu. Si on prenait au sérieux le fait d'encadrer cette jeunesse, notamment ou au moins à travers le sport, et l'action associative, les risques auraient été ramenés au strict minimum. En installant une infinité de terrains omnisports comme c'est le cas très récemment à sidi Moumen au bord de l'autoroute, la donne changerait à coup sûr. Des terrains de basket-ball, de volley-ball et de mini-foot flambant neufs occupés par les jeunes des quartiers limitrophes. L'euphorie à l'état brut. La majorité des jeunes sont branchés sur le sport en général. D'un autre côté, la réalisation de ce genre de projet ne demande qu'un budget de petite envergure. Mais l'effet et les profits que les jeunes et à travers eux la société entière peuvent récolter sont énormes. Beaucoup de jeunes quittent l'école à un âge précoce et ceux qui poursuivent leurs études ne savent pas où donner de la tête quand ils disposent d'un temps libre. Le résultat est que tout ce beau monde se retrouve dans la rue, dans les cafés de quartiers où l'on apprend toutes les mauvaises habitudes. Y compris cet esprit de vengeance de la société qui les a privés de tout. Ils deviennent ainsi aptes à toute récupération malveillante. Des espaces modernes de sport sont passibles de récupérer une jeunesse désorientée et frustrée, l'éduquer et, pourquoi pas, en faire jaillir de nombreux talents. Quel meilleur frein à la délinquance qu'un épanouissement individuel et collectif qui fait naître l'ambition de la grandeur, la comparaison aux héros nationaux toutes disciplines confondues? N'est-ce pas une bonne manière d'apprendre à ne jamais baisser les bras pour vaincre ? Et même en cas d'échec, accepter la défaite devant le meilleur est la base de tout fair-play.