Après le MAE, une délégation officielle turque attendue au Maroc Les Turcs ne veulent pas se laisser faire. Suite à des déclarations d'officiels marocains sur la volonté de revoir certains aspects de l'accord de libre-échange, c'est le branle-bas de combat en Turquie. Le ministre des affaires étrangères de la Turquie, Mevlut Cavusoglu, a été le premier à faire le voyage au Royaume. Certes, la chef de la diplomatie de Recep Tayyeb Erdogan était officiellement au Maroc pour prendre part à l'événement marquant le 50è anniversaire de l'Organisation de la coopération islamique à Rabat, mais son agenda comptait plusieurs autres dossiers tout aussi stratégiques. En plus de la crise en Libye, le responsable a abordé avec la partie marocaine le dossier commercial tout en promettant de «travailler ensemble pour améliorer davantage les relations bilatérales dans de nombreux domaines». La nouveauté, c'est le gouvernement turc qui va dépêcher une délégation officielle dans les prochains jours pour examiner avec les autorités marocaines les pistes pour procéder à quelques «rééquilibrages» pour atténuer le déficit de la balance commerciale. Autant dire qu'il ne s'agit nullement d'une remise en cause en profondeur de l'accord de libre-échange conclu entre les deux pays. Même les responsables marocains commencent à parler de la volonté de «dénoncer» certains accords et non pas les annuler complètement. Il faut dire que la balance de l'accord de libre-échange maroco-turc penche largement en faveur du pays d'Attaturk. Les chiffres sont édifiants. Ainsi, les importations en provenance de ce pays de l'Est de la Méditerranée ont été tout simplement multipliées par quatre depuis l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange en 2006, quant aux exportations marocaines elles ont suivi le chemin inverse, notamment les deux dernières années. Plus concrètement, l'Office des changes avait annoncé que les importations turques avaient atteint la bagatelle de 21,5 milliards DH en 2018, soit une hausse de 11,4% par rapport à 2017 et de 36% par rapport à 2015. Rien donc à voir avec les 5,5 milliards DH de produits importés de Turquie il y a 13 ans. L'accord signé entre les deux parties semble faciliter l'arrivée de produits de ce pays sur le marché national puisque les importations dans le cadre de l'accord représentent 72% du total, soit une valeur de 15,5 milliards DH. A contrario, les exportations marocaines vers la Turquie atteignaient en 2018 la valeur de 5,5 milliards DH, soit une baisse de 20,3% par rapport à 2017 et de 25,7% par rapport à 2016. Il faut préciser qu'il ne s'agit là que d'un nouvel épisode d'un long feuilleton entre les deux parties. Pour rappel, les responsables marocains avaient pris des mesures de sauvegarde dans plusieurs domaines contre les importations turques, notamment dans le textile. De leur côté, les responsables turcs n'avaient pas hésité à porter certains litiges avec la partie marocaine devant l'OMC (Organisation mondiale du commerce). L'arbitrage de l'Organisation n'a cependant pas été contraignant pour le Maroc. Mesures de sauvegarde Les responsables marocains avaient pris des mesures de sauvegarde dans plusieurs domaines contre les produits turcs. Ce fut le cas notamment dans le domaine du textile. C'est en 2018 que la mesure de sauvegarde préférentielle sur les importations de produits de textile et d'habillement en provenance de Turquie a été officialisée. La mesure qui doit courir jusqu'en 2021 concerne l'application d'un droit additionnel ad valorem de 90% du taux fixé dans le cadre du droit commun pour les importations textiles. La mesure couvre notamment les filaments synthétiques ou artificiels, les fibres synthétiques ou artificielles discontinues, les tapis et autres revêtements de sol en matière textile, les tissus spéciaux, les dentelles, les tapisseries… Ce n'est pas tout. Des mesures de sauvegarde marocaines avaient été décidées dans d'autres domaines, notamment l'acier (un dossier qui a fait l'objet d'une plainte turque auprès de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) ainsi que l'électroménager.