Disposant de plusieurs atouts pour faire du tourisme rural une source de richesse et de désenclavement de plus d'une région, le Maroc accuse un retard évident dans à l'élaboration d'une stratégie de développement de ce secteur. Les activités restent pour la plupart embryonnaires et généralement occasionnelles, comparées à «l'essor» du tourisme balnéaire et culturel. Quelque 3500 km de côtes, des chaînes de montagnes atlassiques et rifaine, des espaces sahariens et forestiers , des estuaires, lacs et Merjas. Une beauté époustouflante, d'une nature généreuse en paysages rares. Voilà ce qui constitue un capital dont tous les pays ne disposent pas et qui fait l'attrait de la destination Maroc. Les moyens pour hisser ces régions ne manquent pas. Le tourisme rural en est un. Nouvelle forme du tourisme, plus interactive et plus authentique, le développement d'un tourisme rural offre des découvertes innovantes en connivence avec la population locale. Un moyen aussi de garantir des opportunités d'emploi, dans un milieu rural qui en perd 55.000 par année, pour stabiliser l'exode rural et le maintien des habitants, notamment les jeunes. Un moyen également de valoriser les cultures et traditions locales des populations et de protéger l'environnement. Mais alors que ce créneau connaît sous d'autres cieux un développement considérable, son décollage tarde toujours à venir au Maroc. La prise de conscience par les pouvoirs publics de l'importance du secteur en tant que produit touristique a commencé à partir des années 80. Un projet multi-sectoriel d'économie rurale de haute montagne a été lancé en 1983 avec le concours de la coopération française. Baptisée Projet du Haut Atlas central, cette action a permis plus d'une réalisation. Le nombre de randonneurs est passé de quelques milliers en 1987 à plus de 80.000 actuellement. L'augmentation du nombre des agences de voyages spécialisées dans le tourisme de randonnée est passé de 2 en 1987 à une vingtaine actuellement. Cette initiative a également permis la formation de 400 guides au centre de formation aux métiers de montagne, implanté à Tabant (province d'Azilal), en majorité originaires du monde rural. La tenue des Premières assises du Tourisme en janvier 2001 et la signature de l'Accord-cadre entre le gouvernement et la CGEM constitue un acte fondateur d'une nouvelle stratégie pour le développement du secteur. Renforcement du produit balnéaire, repositionnement du produit culturel mais aussi le développement du tourisme rural. Le plan d'action élaboré dans ce cadre préconisait l'extension du programme mis en œuvre au niveau des massifs sur les autres régions du pays et la réalisation d'études sectorielles pour identifier, recenser et hiérarchiser les potentialités du secteur et la définition d'un programme d'action de quelques projets-pilotes. Une étude sur la stratégie de développement du tourisme rural, réalisée dans le cadre de la coopération Maroc-PNUD-OMT (Organisation mondiale du tourisme) a fait ressortir un certain nombre d'objectifs. À commencer par la mise en place des conditions devant favoriser des séjours en milieu rural par l'aménagement et la réhabilitation des gîtes ruraux et des terrains de camping. Dans l'Atlas, une centaine de gîtes d'étapes chez l'habitant ont été en effet aménagées. Une cinquantaine d'entre eux portent le label de qualité Grande traversée des Atlas marocains (CTAM). 8 refuges d'altitude ont été construits par les collectivités locales. Une brochure de renseignements pratiques pour l'organisation de randonnées au Maroc en montagne et au désert est éditée chaque année. Des normes de classement des gîtes et d'organisation des bivouacs ont également été introduites. Mais ces activités restent pour la plupart embryonnaires et généralement occasionnelles comparées à « l'essor » du tourisme balnéaire et culturel. Leurs impacts sur l'environnement reste également peu connu. Si les intentions promettent des lendemains enchanteurs pour cette activité, les chiffres font ressortir le contraire. Contre plus de 20.000 lits dont dispose la ville de Marrakech, la capacité d'accueil des unités situées dans la région rurale de la ville ne dépasse guère 200, soit 1% de la capacité totale. Si l'intervention publique a été d'un apport considérable quant au développement du tourisme de montagne, la question sa généralisation sur les autres formes de l'écotourisme reste à poser.