À Casablanca, les automobilistes n'en peuvent plus de subir les abus des gardiens de voitures. Ces derniers ne sont que les acteurs d'une politique foncièrement anarchique. Faites le calcul : 3DH x 12 escales x 30 jours ? Cela fait exactement 1.080 DH. Voilà ce que paie en moyenne par mois un automobiliste comme frais de gardiennage. N'est-ce pas exorbitant ! Cet impôt qui ne dit pas son nom commence à exaspérer les automobilistes. Et si au moins les voitures étaient bien gardées !? C'est tout bonnement de l'arnaque. « Pas mal de gardiens sont complètement déconnectés à force de drogues, au moment où ils sont supposés garder les voitures des citoyens ! », s'exclame Saïd, un habitué du quartier Maârif. En effet, qui d'entre nous n'a pas eu l'occasion d'avoir affaire à un gardien de voitures sonné ? Et le contrôle dans toute cette histoire ? Voilà encore une situation où le citoyen marocain paie les pots cassés par d'autres. Le premier (pour ne pas dire l'unique) incriminé parmi ces autres sont les communes. Prenons l'exemple de Casablanca où le problème est on ne peut plus flagrant. La métropole, qui englobe le plus grand nombre des automobilistes, souffre d'une gestion anarchique des parkings. Rappelons que les parkings rentrent dans le cadre de la gestion des domaines publics. Il faut faire la différence entre les parkings aménagés et ceux qui ne le sont pas. Les parkings non aménagés sont ces tronçons de boulevards et de ruelles mêmes, carrément squattés par des gardiens. Ces derniers agissent souvent dans l'illégalité puisqu'ils n'ont pas d'autorisation. « Pour les parkings aménagés, les autorisations d'exploitation sont accordées par le biais d'appels d'offres annuels. Une commission qui se compose d'un représentant du wali, du vice-président de la commune, du rapporteur du budget, du régisseur et du receveur trésorier régional, tient annuellement sa réunion pour accorder les autorisations d'exploitation des parkings aménagés», explique Hassan Bih, chef de la division du Développement des Ressources financières. Pour les parkings aménagés en exploitation, une augmentation annuelle du coût d'exploitation est prévue. Elle va de 15% à 20%. Pour les parkings non aménagés c'est la pagaïe garantie. «Normalement, l'autorisation doit être obtenue en saisissant les autorités: la préfecture et la sûreté nationale. Le dossier doit passer par la division du Développement des ressources financières », informe Nourredine Chetioui, responsable du service Autorisations, au sein de la division du Développement des ressources financières. Le problème qui se pose à ce niveau est «le chevauchement des attributions et des compétences du président de la ville et des présidents des arrondissements», conformément aux dires de Hassan Bih. Depuis le changement de l'organisation administrative au niveau de la commune de Casablanca effectué il y a plus d'une année avec la collaboration de LMS, des changements conséquents ont été décidés s'agissant des attributions. Actuellement, l'octroi des autorisations d'exploitation des domaines publics relève de la division du Développement des ressources financières et non plus des arrondissements communaux. La réalité est autre ! Mis à part ce dérapage, quelques personnes s'improvisent gardiens sans aucune autorisation. Ils squattent un bout de rue. Si personne n'intervient pour les arrêter, ils continuent tranquillement à profiter de laxisme des autorités. Tout cela bien évidemment aux frais du contribuable. « Loin d'un quelconque manque de vision stratégique, la tolérance des autorités vis-à-vis des gardiens sans autorisation peut s'inscrire dans une démarche sociale », répond le directeur divisionnaire du Développement des ressources financières. Faut-il rappeler en déclarant à cor et à cris que la société civile ne doit être en aucun cas le pendoir sur lequel il faut tout accrocher. Certes, elle est tenue d'intervenir par le biais d'actions sociales, dans le cadre d'un plan établi dans la concertation. Prendre en charge ces personnes marginalisées par le ratage des politiques sociales de gouvernements successifs n'est pas à mettre sur le dos des citoyens marocains ! Ce qu'il faut savoir, c'est que le domaine des parkings est très juteux. « La rétribution annuelle pour un parking aménagé situé dans le dernier tronçon de la baie côtière est de 570 mille DH », informe à titre d'indication Hassan Bih. Imaginons un peu que l'Etat prenne en charge lui-même l'aménagement des parkings. Au lieu d'octroyer l'exploitation à des tiers, l'Etat bénéficierait de la cagnotte, chose qui l'aiderait à assainir ce secteur et d'enclencher avec les projets gagnants. «Il n'y a pas de listing précis de tous les parkings de la commune de Casablanca. Pour résoudre le problème, il faut commencer par inventorier tous les espaces utilisés en tant que parkings et ceux qui peuvent potentiellement l'être », fait remarquer le directeur divisionnaire. En attendant, c'est le citoyen marocain qui continuera à payer chèrement l'anarchie et les abus que vit le secteur !