L'anthropologue marocain, Hassan Rachik, vient de publier un livre intitulé «Socio-anthropologie rurale. Structure, organisation et changement au Maghreb». Une publication initiée par l'Université Hassan II de Casablanca et la maison d'édition La croisée des chemins dans le cadre de la nouvelle collection «Twizi» (entraide en amazigh) avec le soutien du ministère de la culture. Dans ce premier livre à paraître dans le cadre de cette collection, l'auteur établit des rapports contrastés entre les milieux rural et urbain. «En dépit de l'urbanisation du Maghreb, la population rurale reste démographiquement importante. Mais l'étude du milieu rural ne se justifie pas seulement pour des raisons pragmatiques», précise M. Rachik dans l'introduction de son livre. Il livre même des regards sur le mode de vie dans ces deux espaces. «Vu la faible taille des groupes ruraux, le domaine des interactions, le nombre des personnes, qu'on peut connaître ou rencontrer, est limité… En milieu urbain, où le champ d'interaction est vaste, les gens forment un public anonyme», détaille l'auteur. En tant qu'anthropologue, l'écrivain analyse le tréfonds des deux populations. «Pour le rural, les gens sont concrets… À l'opposé, les relations dominantes, en milieu urbain, sont anonymes, éphémères et superficielles», estime-t-il judicieusement. Au-delà de ses constats, M. Rachik prend appui à des auteurs éminents à l'instar d'Ibn Khaldoun avant d'abonder en contrastes. Entre autres, l'anthropologue met en avant le rapport direct des ruraux avec «la nature». À l'opposé, la société urbaine est, selon ses dires, dominée par des métiers en rapport avec les secteurs secondaires et tertiaires. A lui seul, le mot «métier» pose, pour lui, problème en milieu rural où les activités économiques sont encastrées dans des rapports non économiques (parenté, voisinage) et fondées sur des croyances «surnaturelles». Quant à la famille rurale, elle est, d'après l'auteur, une structure «polyfonctionnelle» qui ne connaît guère de séparation entre l'activité productive et la vie domestique. En détail, la division de travail est essentiellement basée, comme il l'explicite, sur l'âge et le sexe dans le milieu rural où la spécialisation est faible. «Le rural peut être comparé à l'encyclopédiste qui parle de beaucoup de choses avec la même familiarité», enchaîne l'auteur. Mieux encore, les communautés rurales sont, à son sens, homogènes sur le plan linguistique et culturel contrairement à la ville où les individus sont assez différents même au niveau religieux. En outre, l'écrivain établit, dans son raisonnement, des oppositions en sociologie tout en citant des auteurs marocains et étrangers de renom. Cela étant, la publication de M. Rachik se présente, selon l'ambition de la collection, sous forme de «manurecueils» (textbooks ou recueil de textes). «Ce genre de livres est relativement rare en langue française», indique-t-il. A propos du choix de la région maghrébine, il précise : «Notre contribution consiste à examiner, de la façon la plus simple possible, les principales questions soulevées dans des pays où les communautés rurales ont été traditionnellement tribales». Le tout sans s'enfermer dans le contexte rural maghrébin.