Les candidatures des bourses de séjour à la Cité internationale des arts à Paris sont ouvertes jusqu'au 11 avril 2003. Considérée comme une opportunité ouvrant à de grandes possibilités en matière de création, la Cité des Arts ne profite pas aux artistes marocains. Et pour preuve, ils y vont et en reviennent sans que le public ne sache ce qu'elle leur a bien apporté. Une question. Que deviennent les peintres qui bénéficient d'une bourse à la Cité internationale des arts à Paris ? On sait qu'une commission, nommée par le ministère de la Culture, se charge de désigner les personnes qui bénéficient de cette bourse. L'on sait aussi que huit artistes marocains séjournent chaque année dans cette cité. Mais que deviennent-ils ? Comment profitent-ils d'un séjour de six mois dans une cité située à proximité du Musée du Louvre, du Centre Pompidou et du Marais, l'un des quartiers où il existe le plus de galeries d'art à Paris? En quoi s'instruisent-ils d'une résidence où se côtoient, se croisent, se tressent des cultures ? Que leur apporte Paris ? Nous reviennent-ils remplis de l'air stimulant de cette ville ? Leur fougue a-t-elle redoublé? Ont-ils découvert de nouvelles possibilités de création ? Ont-ils intéressé des galeristes parisiens ? On n'en sait rien ! parce que personne ne les oblige à exposer ou à réaliser un projet après leur retour de Paris. La seule chose que l'on sait d'eux, c'est qu'ils ont résidé pendant six mois dans un appartement qui comprend un atelier, une chambre, une salle d'eau et une cuisine. Après, ils disparaissent dans la nature. La chose est d'autant inacceptable que des noms prestigieux dans la peinture moderne sont passés par la Cité des Arts. Pour s'en convaincre, il suffit de citer Alain Fleischer, Robert Malaval ou Jim Dine. Ne serait-ce que pour cela, nos boursiers sont tenus à une plus grande rigueur et une réelle exigence de création. Le Maroc dispose de 4 ateliers à la Cité des Arts qui reçoivent, chaque année pour une durée de six mois, huit artistes. Est-ce que le Maroc produit chaque année huit plasticiens de la qualité des artistes étrangers qui résident et travaillent à la Cité des Arts ? Jusqu'à ce jour, les deux écoles de Beaux-Arts ont produit le plus clair des éléments qui séjournent et travaillent dans cette cité. Certes, la Cité des Arts demeure une opportunité inespérée pour eux, mais ils doivent justifier par l'œuvre l'obtention de cette bourse. Le ministère de la Culture n'assure aucun suivi de leurs projets à cet égard. Il faut souligner que les bourses accordées aux Marocains séjournant à la Cité des Arts à Paris sont intégralement prises en charge par le Service culturel et de coopération de l'ambassade de France. La durée de séjour de six mois est jugée insuffisante par plusieurs peintres, d'autant que la majorité des autres pays accordent à leurs artistes des résidences allant de un à deux ans. «Combien y'a-t-il d'artistes dans ce pays pour pouvoir en envoyer huit par an ? », se demande dans ce sens le peintre Fouad Bellamine, l'un des premiers résidants marocains à la Cité des Arts. En plus du caractère exceptionnel de la courte durée de séjour, le Maroc se distingue par une autre innovation. Le ministre de la Culture, Mohammed Achaâri, aime les lettres, comme l'on sait. Il a ouvert la Cité des Arts aux écrivains. Cette résidence a été construite spécialement pour les plasticiens qui y disposent de vastes ateliers. Que peut bien faire un écrivain dans un atelier de peintre ?