En ciblant les leaders politiques du Hamas, sharon expose ses ministres à des représailles. Le porte-parole du Hamas l'a clairement annoncé. Israël et les militants palestiniens du Hamas semblaient hier dimanche, engagés dans une lutte sans merci où les dirigeants des deux camps se retrouvent dans la ligne de mire après l'élimination la veille d'un haut responsable du Hamas, "Aucun chef, notamment au Hamas, ne peut prétendre à la moindre impunité, nous frapperons tous ceux qui sont impliqués dans les attentats", a prévenu le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz à la radio militaire. Il justifiait de la sorte la liquidation de Ibrahim Al-Makadmeh, 53 ans, chef du service de sécurité du Hamas pour les territoires palestiniens, tué samedi avec trois de ses gardes du corps lors d'une opération ciblée menée par deux hélicoptères israéliens. Ce meurtre n'a pas suscité de critiques de fond en Israël, étant donné que le Hamas est responsable de la plupart des attaques suicide qui ont fait des centaines de morts côté israélien. Toutefois, la presse et des représentants de l'opposition de gauche s'interrogeaient sur l'opportunité d'une telle opération qui risquerait d'affaiblir encore plus l'Autorité palestinienne à l'heure où un modéré, Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), est pressenti pour le poste de Premier ministre. Selon la radio militaire, l'élimination de Makadmeh marque une "nouvelle escalade dans la lutte engagée par l'armée israélienne, dans la mesure où maintenant, les dirigeants du Hamas ayant des responsabilités politiques sont visés et non plus seulement les chefs de la branche armée de l'organisation". Les Brigades Ezzedine Al-Qassam, l'aile armée du Hamas ont répondu du tac au tac en annonçant dans un communiqué que "les dirigeants politiques sionistes (israéliens)" constituaient désormais leurs "cibles prioritaires". Le directeur de la Société académique palestinienne pour les études des affaires internationales (Paassia), Mahdi Abdoul-Hadi, estime que la liquidation de Makadmeh "ne peut qu'alimenter la sécurité de personnalités qui pourraient être visées notamment à Kohav Yaïr (est de Tel-Aviv), une localité située à quelques centaines de mètres de la Cisjordanie où réside notamment M. Mofaz. "Il est incontestable que l'élimination de Makadmeh, qui faisait partie des cinq plus importants dirigeants du Hamas, constitue un nouvelle étape dans la guerre engagée par Israël contre les militaires de Jénine et Ramallah (Cisjordanie). M. Mofaz a affirmé pour sa part ne pas craindre un attentat ciblé du Hamas en rappelant que le mouvement intégriste n'avait pas attendu samedi pour se lancer dans des préparatifs d'attentats visant le Premier ministre Ariel Sharon qui ont été déjoués début mars par les services de sécurité israéliens. Un précédent avait été créé par la branche armée du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation radicale, qui avait abattu en octobre 2001 Réhavam Zeevi, un ministre israélien, en représailles à l'assassinat quelques mois auparavant du chef du mouvement, Abou Ali Moustapha. Il s'agissait du premier membre d'un gouvernement israélien à être assassiné.