L'adoption en commission de la loi-cadre sur l'enseignement est un pas important sur la voie de la réforme tant attendue. Mais ce n'est que le premier pas. Ce texte est important car la loi-cadre permettra de déconnecter progressivement la conduite de la réforme, en particulier, et le système éducatif de manière générale des aléas politiques et partisans. Une loi-cadre, comme son nom l'indique, est un texte qui encadre sur une longue période un secteur donné. C'est un bon outil pour que, une fois mise en marche, la machine soit verrouillée sur une cible et des objectifs. Cela dit, il restera toujours un risque que les politiques s'en mêlent ne serait-ce qu'à travers le levier financier et l'administration. La mise en application des réformes nécessitera d'abord et forcément un travail de réorganisation et de redéploiement au niveau des moyens humains qui relèvent éminemment des prérogatives ministérielles et donc du politique. Espérons qu'on n'en arrivera pas jusque-là mais un ministre, pour une raison ou une autre, peut entraver ou au moins retarder la marche de la réforme à travers sa maîtrise de l'outil de la réforme qui est l'administration. La réforme nécessitera également des investissements et des moyens financiers qui relèveront inévitablement du budget général de l'Etat. Lequel budget n'est autre que celui du ministère de tutelle. Conclusion : malgré le verrouillage à travers la loi-cadre, l'opérationnalisation de la réforme restera toujours à la merci des aléas politiques et partisans parce qu'elle en dépendra financièrement et administrativement. A moins que, dans les années qui viennent, une décision courageuse ne soit prise pour changer le statut du département pour en faire une super direction générale indépendante, du moins pour quelques années, le temps de remettre le train sur les rails…