La Douane vient de lancer un appel à concurrence en vue de sélectionner un prestataire pour le marquage fiscal ALM : Pouvez-vous retracer la valeur ajoutée apportée par Sicpa au Maroc depuis le début de votre collaboration avec l'Administration des douanes et impôts indirects ? Abdelilah Mourid : La solution de Sicpa apporte des bénéfices qui ont été quantifiés. On peut citer ainsi un chiffre clé, issu de l'enquête de l'ADII sur le taux de prévalence des cigarettes de contrebande, qui a fait ressortir un taux de 3,7% au niveau national. Ce taux est le plus bas jamais enregistré. En tant que simple prestataire, nous ne disposons toujours pas de tous les chiffres mais de manière plus générale, les déploiements de nos solutions portent leurs fruits, tel que souligné par un récent rapport de la Banque mondiale. Ce rapport, publié en janvier de cette année, s'est penché sur les résultats de trois pays (Kenya, Géorgie et Equateur) où nos solutions sont déployées. Il met en exergue les bénéfices indéniables en matière de lutte contre le commerce illicite du tabac et de collecte des recettes fiscales avec au final un impact positif sur le budget des Etats. Les tarifs appliqués par Sicpa sont jugés par certains industriels comme excessifs et supérieurs à ce qu'elle pratique sur d'autres marchés y compris des marchés moins importants en volume que le Maroc, comme par exemple le Kenya… Le terme «excessif» au sujet des tarifs est parfois employé par certains industriels contrôlés qui préfèreraient ne voir aucun contrôle effectué. Bien sûr, ceci éviterait tout surcoût mais empêcherait aussi tout bénéfice lié aux contrôles qui favorisent une économie légitime et un environnement concurrentiel sain dans les secteurs concernés. Plus raisonnablement, pour ce qui relève de la différence de coûts de nos solutions par rapport à d'autres pays, il faut bien comprendre qu'il est impossible de comparer des déploiements très variés d'un pays à l'autre. D'une part les besoins exprimés par les administrations de chaque pays peuvent être très différents, d'autre part, certains facteurs tels que la dispersion géographique des sites, les équipements spécifiques des lignes de production de certains industriels ou encore les exigences de sécurité locales ont un impact fort sur le coût de nos opérations. Il serait donc simpliste de comparer les prix pratiqués d'un pays à l'autre sans considérer tous ces aspects et ce d'autant plus que dans le cas particulier du Maroc, des améliorations ont été apportées après le premier renouvellement, qui ont exigé de nouveaux investissements. Il faut enfin souligner que les prix pratiqués relèvent du choix de l'Etat marocain dans le cadre d'un système de péréquation : il en résulte que certains produits sont moins chers, d'autres un peu plus chers par rapport aux tarifs pratiqués dans d'autres pays. Dans le présent appel d'offres, tout juste publié, les autorités ont par ailleurs été très précises quant aux exigences technologiques tout en fixant un plafond de prix. Ce cadre rigoureux permettra d'assurer que le rapport efficacité-prix de la solution retenue soit optimal. Il existe d'autres opérateurs dans le monde qui proposent les mêmes prestations que Sicpa à des tarifs nettement inférieurs. Qu'en pensez-vous ? En effet, il existe d'autres fournisseurs. Offrent-ils pour autant «les mêmes prestations que Sicpa» à des tarifs inférieurs ? Rien n'est moins sûr. Le marché de la traçabilité sécurisée est un marché dynamique et nous ne pouvons que nous en réjouir. De nouveaux concepts voient le jour régulièrement. Peu en revanche peuvent se targuer à la fois d'une expérience industrielle réelle, dans le cadre de déploiements à l'échelle internationale, tout en garantissant une réelle indépendance vis-à-vis des industries que le système est appelé à contrôler. Sicpa demeure leader dès lors qu'il s'agit de disposer d'une capacité d'innovation qui ne transige pas sur l'efficacité industrielle, tout en garantissant une totale indépendance.